مقاصد الحج
LES OBJECTIFS DU PELERINAGE
Œuvre écrite par
LE NOBLE SHEIKH:
CABDURRAZZÂQ AL-BADR
Traduit par
ABDULLAH AL-FARANSY
Revu et corrigé par
L’EQUIPE ISLAMHOUSE
Publié par
Le bureau de prêche de Rabwah (Riyadh)
old.islamhouse.com
L’islam à la portée de tous!
Introduction
Louange à Allah qui a prescrit à Ses serviteurs le pèlerinage vers Sa demeure sacrée et en a fait une source de nombreux bienfaits et d’abondantes récompenses. Quiconque accomplit le pèlerinage sans y mêler obscénité ni perversité se verra lavé de ses péchés et en reviendra pur comme il l’était le jour où sa mère l’a mis au monde.
J’atteste qu’il n’est de divinité digne d’être adorée en dehors d’Allah, Seul, sans associé, Le Seigneur, le Grand Connaisseur. Et j’atteste que Muhammad est Son serviteur et messager, le meilleur de ceux qui aient accompli la prière, le pèlerinage et le jeûne. Que les bénédictions d’Allah et Sa paix soient sur lui, sa famille et ses compagnons: les élites distinguées de l’Islam.
Pèlerins de la maison sacrée d’Allah! Nous louons Allah (ﻷ) de manière abondante, pure et bénie pour nous avoir facilité à tous la venue en ces lieux afin de Lui obéir et d’accomplir cette adoration, et pour nous avoir honorés en nous comptant cette année parmi les délégations du Tout Miséricordieux (ـ). Le prophète (ج) a dit dans un hadith: «Les pèlerins et ceux qui accomplissent la cUmrah sont les délégations d’Allah. Il les a invités et ils ont répondu. Ils lui ont demandé et Il leur a accordé [1].» Qu’Allah soit donc loué énormément, abondamment et en toute bénédiction, comme l’aime et l’agrée notre Seigneur.
A Lui la louange pour tous les bienfaits dont Il nous a comblés, dans le passé ou le présent, aussi bien secrets que visibles, individuels que collectifs. Nous Lui (ﻷ) demandons qu’Il nous accorde à tous de Le remercier pour Ses bienfaits, de L’adorer d’une manière correcte et qu’Il nous rende aptes à saisir tout bien qui Lui plaît et dont Il est satisfait.
Pèlerins de la Maison sacrée d’Allah! Le thème de cette parole: «Les objectifs du pèlerinage» est un sujet sérieux au possible et d’une importance capitale. Chacun d’entre nous a besoin, alors qu’il s’apprête à accomplir le pèlerinage vers la Maison Sacrée d’Allah, qu’on lui rappelle ses buts grandioses afin qu’il effectue ses rites en concrétisant ses finalités et en accomplissant ses objectifs.
Le pèlerinage est l’un des piliers de l’Islam, c’est une obéissance d’envergure, une adoration éminente et l’un des plus grands moyens pour les croyants de se rapprocher d’Allah (ـ). Ses objectifs importants ainsi que ses sublimes finalités méritent que nous cherchions à nous en rappeler.
Cependant, puisqu’ils sont nombreux, je me contenterai de rappeler les plus considérables d’entre eux. Et c’est auprès d’Allah Seul que je puise le soutien et que je cherche à obtenir la réussite, et je Lui demande (ـ) qu’Il accepte cet effort et le comble de bénédictions. Il est assurément, Lui Seul, Le Maître Protecteur, Il n’a pas d’associé et de Lui Seul provient la réussite.
* * *
[1] Rapporté par Al-Bazzâr dans «Al-Musnad» comme dans «Kashf al-Astâr» (1153), déclaré Hasan par Al-Albânî (/) dans «As-Silsilah As-Sahîhah (1820)».
Premier objectif: l’unicité d’Allah («tawhîd»)
Le premier des objectifs grandioses du pèlerinage, le plus grand et le plus magnifique d’entre eux est de mettre en application l’unicité d’Allah (أ) et se désavouer et se défaire de ce qui s’y oppose – c’est-à-dire du polythéisme. Ceci est assurément le plus noble et le plus grand des objectifs, car l’unicité est la raison même pour laquelle Allah (ﻷ) nous a créés et nous a donné vie.
C’est à travers les rites majestueux du pèlerinage, ses symboles admirables et ses actes de culte bénis qu’apparaissent de manière éclatante le statut supérieur de l’unicité, son haut rang ainsi que le fait qu’il constitue une fondation sur laquelle s’édifie la religion d’Allah (ﻷ) et sur laquelle repose toute adoration par laquelle le croyant se rapproche d’Allah (ـ). Et ceci est tellement vrai que tout acte d’obéissance ou toute adoration qui ne repose pas sur l’unicité d’Allah et sur le rejet du polythéisme ne sera pas acceptée d’Allah (ـ). C’est pour cela que Jâbir (س) a dit, lorsqu’il a décrit le pèlerinage du prophète (ج): «Il (ج) a alors élevé sa voix en proclamant l’unicité d’Allah: «Je réponds à ton appel, ô Allah, je réponds à Ton appel. Je réponds à Ton appel, point de divinité digne d’adoration en dehors de Toi, je réponds à Ton appel. Les louanges, les bienfaits T’appartiennent ainsi que la Royauté. Point de divinité digne d’adoration en dehors de Toi [2].»»
Ces quelques paroles au poids énorme représentent pleinement l’unicité et le culte exclusif d’Allah (ج), de même que le rejet du polythéisme. A l’opposé de cela, les polythéistes avaient pour habitude d’élever leur voix en proclamant des paroles pleines de polythéisme et d’associationnisme comme cela est rapporté dans «Sahîh Muslim», dans lequel Ibn cAbbâs (ج) a dit:
«Les polythéistes disaient:
- «Je réponds à ton appel, point de divinité digne d’adoration en dehors de Toi «...»»,
- Ce sur quoi le messager d’Allah (ج) disait: «Cela suffit, cela suffit! Arrêtez-vous!»
- Puis ils ajoutaient: ««...» Sauf un associé que Tu possèdes, lui et ce qu’il possède». Ils disaient cela en tournant autour de la Maison «Sacrée» [3].»
Ainsi, sa parole «Point de divinité digne d’adoration en dehors de Toi», est répétée à deux reprises dans la Talbiyah: une première fois immédiatement après sa parole: «Je réponds à Ton appel», et une seconde fois après avoir dit: «Les louanges, les bienfaits T’appartiennent ainsi que la Royauté.» La première fois suggère qu’en répondant à cet appel, on ne Lui attribue aucun associé, et la seconde suggère qu’il n’y a aucun associé en dehors de Lui qui mérite d’être loué, qui comble de bienfaits et qui possède la royauté.
Ainsi, s’il est établi que la louange toute entière appartient à Allah, que les bienfaits proviennent tous de Lui, que la royauté toute entière est la Sienne et qu’Il n’a aucun associé dans tout cela de quelque manière que ce soit, il nous est donc obligatoire de Lui vouer l’adoration de manière exclusive: aussi bien en ce qui concerne la Talbiyah que la soumission, l’assujettissement, l’amour, l’obéissance et la servitude… Et comment est-il possible d’attribuer un associé à Allah (ـ) et adorer autre que Lui, alors que cet associé ne possède même pas la pellicule d’un noyau de datte dans cet univers, qu’il ne détient aucune part de la royauté d’Allah (ـ) et qu’il n’est pas capable de nuire ni de pourvoir quelque bien, et n’a pas la capacité d’octroyer ni même de priver? Allah est bien au-dessus de ce qu’ils Lui associent. En fait, toute chose est sous Son contrôle et Il n’a pas d’associé. Et ceci fait partie des preuves les plus claires pour mettre en évidence la nullité du polythéisme, et le fait que ses adeptes comptent parmi les gens les plus sots et les plus éloignés du chemin de rectitude.
Par ailleurs, le prophète (ج), lorsqu’il est arrivé au Mîqât [4] et s’est mis en état de sacralisation, a proclamé l’unicité d’Allah en disant:
«Ô Allah! Voici un pèlerinage sans ostentation ni exhibition [5].» Puis, Il a continué sa route en direction de la Mecque en répétant incessamment ces paroles majestueuses d’unicité qui réunissent les sens du monothéisme, de sa pleine réalisation et le rejet de ce qui s’y oppose. Il (ج) la répétait ainsi sur son chemin vers la Mecque et ensuite durant ses déplacements entre les différents lieux de culte.
Ensuite, on remarque que le Tawâf [6] autour de la Maison Sacrée, la marche entre les monts As-Safâ et Al-Marwah, la station près du mont cArafah, la veillée à Muzdalifah et tous les autres rites du pèlerinage constituent tous des actes d’obéissance et d’adoration qui reposent sur l’unicité. Il est obligatoire pour tout pèlerin de rechercher à travers toutes ces œuvres et l’ensemble de ces actes d’obéissance le seul visage d’Allah (ـ), car Allah n’accepte l’œuvre d’un individu que lorsqu’elle Lui est exclusivement dédiée (ﻷ). Ainsi, Allah (ـ) a dit, comme rapporté dans un hadith qudsî [7]:
«Je Me passe totalement d’associés. Et Quiconque accomplit une œuvre en M’y associant autre que Moi, Je le laisse avec son polythéisme [8].»
Et il incombe à celui qu’Allah (ﻷ) a honoré par la prononciation de ces paroles grandioses – la Talbiyah – de bien avoir ses significations à l’esprit, de bien comprendre ce qu’elles impliquent et de passer sa vie à mettre en pratique l’unicité à laquelle celle-ci appelle, qui exige de vouer le culte exclusivement pour Allah (ـ), de ne demander qu’à Allah, de ne demander le secours qu’auprès d’Allah, ne remettre ses affaires qu’à Allah, de ne faire de sacrifice que pour Allah, de ne faire de vœu d’adoration que pour Allah et de ne pas accorder la moindre part d’adoration pour autre qu’Allah.
«Allah dit»:
﴾قُلْ إِنَّ صَلَاتِي وَنُسُكِي وَمَحْيَايَ وَمَمَاتِي لِلَّهِ رَبِّ الْعَالَمِينَ١٦٢ لَا شَرِيكَ لَهُ وَبِذَلِكَ أُمِرْتُ﴿ [الأنعام: 162-163].
«Dis: En vérité, ma prière, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à Allah, le Seigneur de l’univers. A Lui nul associé! Et voilà ce qu’il m’a été ordonné [9].»
Pour cela, il est nécessaire de s’accrocher fermement à l’unicité, la mettre scrupuleusement en application, observer ses exigences, s’éloigner de tout acte de polythéisme qui pourrait l’invalider ou s’y opposer, et faire preuve d’une vigilance sans faille afin de ne pas emprunter les voies et causes qui pourraient y mener. En vivant de la sorte et en mourant ainsi, on sera ressuscité de la même manière par la permission d’Allah (ﻷ).
* * *
[2] Cf. «Sahîh Muslim» (1218). Cette formule est appelée la «Talbiyah». En translittération: «Labbayk Allâhumma labbayk, labbayk lâ sharîka laka labbayk, inna_l-hamda wa_n-nicmata laka wa_l-mulk, lâ sharîka lak.» [3] Cf. «Sahîh Muslim» (1185). [4] NdR: le Mîqât est le lieu vers lequel tout pèlerin doit obligatoirement se mettre en état de sacralisation. Chaque Mîqât est différent selon le lieu de provenance des pèlerins. [5] Rapporté par Ibn Mâjah dans «As-Sunan» (2890). [6] NdR: le Tawâf, appelé parfois «circumambulation» ou «circonvolution» est une adoration qui consiste à tourner sept fois autour de la Kacbah (Maison Sacrée) en faisant des invocations, en glorifiant Allah et en y touchant la pierre noire ou en la saluant lorsque cela n’est pas possible. [7] NdR: un hadith dit «Qudsî» est un hadith dans lequel le prophète (ج) rapporte le sens de la parole de son Seigneur sans forcément que ce soit exactement les mêmes termes. [8] Rapporté par Muslim (2985). [9] S. 6, v. 162-163.
Deuxième objectif: la satisfaction d’Allah
Le deuxième objectif grandiose du pèlerinage est de gagner la satisfaction d’Allah (ـ), d’être sauvé de Son feu et d’obtenir Son pardon et Sa miséricorde. De nombreuses preuves soulignent cette finalité hautement importante, comme en atteste la parole du prophète (ج): «Quiconque accomplit le pèlerinage pour Allah, en s’abstenant de commettre des turpitudes et des obscénités, en reviendra comme le jour où sa mère l’a mis au monde [10].»
Ou bien encore celle-ci: «Le pèlerinage pieusement accompli n’a d’autre récompense que le Paradis [11].»
C’est également le cas de Sa parole (ج) lors de sa discussion avec cAmr Ibn Al-cÂs (س): «N’as-tu donc pas su que l’Islam efface tout ce qui le précède, et que l’émigration («hijrah») efface tout ce qui la précède et que le pèlerinage efface tout ce qui le précède [12]!?»
Et de sa parole: «Faites suivre le pèlerinage et la cUmrah par d’autres, car ils effacent autant la pauvreté et les péchés que le soufflet du forgeron élimine les impuretés du fer [13].»
Le gain de la satisfaction d’Allah (ﻷ) est la plus grande et la plus magnifique des faveurs. Allah (ـ) a dit:
﴾وَالْمُؤْمِنُونَ وَالْمُؤْمِنَاتُ بَعْضُهُمْ أَوْلِيَاءُ بَعْضٍ يَأْمُرُونَ بِالْمَعْرُوفِ وَيَنْهَوْنَ عَنِ الْمُنْكَرِ وَيُقِيمُونَ الصَّلَاةَ وَيُؤْتُونَ الزَّكَاةَ وَيُطِيعُونَ اللَّهَ وَرَسُولَهُ أُولَئِكَ سَيَرْحَمُهُمُ اللَّهُ إِنَّ اللَّهَ عَزِيزٌ حَكِيمٌ٧١ وَعَدَ اللَّهُ الْمُؤْمِنِينَ وَالْمُؤْمِنَاتِ جَنَّاتٍ تَجْرِي مِنْ تَحْتِهَا الْأَنْهَارُ خَالِدِينَ فِيهَا وَمَسَاكِنَ طَيِّبَةً فِي جَنَّاتِ عَدْنٍ وَرِضْوَانٌ مِنَ اللَّهِ أَكْبَرُ ذَلِكَ هُوَ الْفَوْزُ الْعَظِيمُ٧٢﴿ [التوبة: 71-72].
«Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres. Ils commandent le convenable, interdisent le blâmable, accomplissent la prière, acquittent l’aumône légale et obéissent à Allah et à Son messager. Voilà ceux auxquels Allah fera miséricorde, car Allah est Puissant et Sage. Aux croyantes et aux croyantes, Allah a promis des Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, pour qu’ils y demeurent éternellement, et des demeures excellentes, aux jardins d’Eden «du séjour permanent». Et la satisfaction d’Allah est plus grande encore, et c’est là l’énorme succès [14]».
Allah (ج) a tout d’abord mentionné leurs actes: l’obéissance à Allah (ـ) et à Son messager (ج), la mise en œuvre des piliers et des obligations de la religion, ainsi que leur occupation à exposer la religion d’Allah (ﻷ) et à conseiller Ses serviteurs, à ordonner le convenable et interdire le blâmable.
Puis, Il (ـ) a fait suivre cela en décrivant de manière graduelle la récompense qu’Il leur a préparée. Il a d’abord mentionné le fait qu’Il leur a aménagé des jardins sous lesquels coulent des ruisseaux. Puis, Il a évoqué les demeures immenses et les hautes chambres qu’Il leur a préparées pour vivre et reposer dans ces jardins. Ensuite, Il a évoqué la faveur la plus grande et le don le plus immense, qui n’est autre que Sa satisfaction (أ) à leur égard: «Et la satisfaction d’Allah est plus grande encore». Puis il conclut cette description en disant: «Et c’est là l’énorme succès».
Ainsi, dans sa parole: «Et la satisfaction d’Allah est plus grande encore», Allah (ﻷ) n’a pas nommé ce qui est moins grand que Sa satisfaction [15] du fait que cela soit évident. C’est aussi pour mettre en évidence la grandeur de la satisfaction d’Allah (ـ), sa somptuosité et le fait qu’elle est plus grande que tous les bienfaits et plus éminente que tous les dons.
La raison derrière cela est que la satisfaction d’Allah (ـ) est l’un des attributs d’Allah tandis que Son Paradis et ce qu’il renferme comme hommages, dons et grâces sont créés d’Allah (ﻷ). En somme, la satisfaction d’Allah est plus grande que tous les bienfaits, que le Paradis et tout ce qu’il contient puisqu’elle est la plus grande des générosités et le plus honorable des cadeaux.
Un hadith de Abû Sacîd Al-Khudrî (س) est venu clarifier le sens du verset – même si ce dernier est déjà relativement clair. Il relate que le prophète (ج) a dit:
«Allah (أ) dira aux gens du Paradis:
- «Ô gens du Paradis!»
- Ils diront alors: «A Tes ordres, notre Seigneur, et à Ton service.»
- Il dira: «Etes-vous satisfaits?»
- Ils diront: «Comment en serait-il autrement alors que Tu nous a fais don de ce que Tu n'as donné à aucune de Tes autres créatures?»
- Il leur dira: «Je vais vous donner encore mieux que tout cela.»
- Ils diront: «Notre Seigneur, qu’y a-t-il de meilleur que cela?»
- Il dira: «Je vous accorde Ma pleine satisfaction et Je ne Me mettrai jamais plus en colère [16].»»
Jâbir Ibn cAbdillah (س) relate que le prophète (ج) a dit: «Lorsque les gens du Paradis seront rentrés au Paradis, Allah (ﻷ) dira:
- «Désirez-vous que Je vous ajoute quelque chose?»
- Ils diront alors: «Ô notre Seigneur, qu’y a-t-il au-dessus de ce que Tu nous as donné?»
- Il dira: «Ma satisfaction est plus grande!» C’est-à-dire: plus grande que le Paradis et tout ce qu’il contient [17].»
Ainsi, il est nécessaire pour tout musulman d’imprégner son for intérieur de la parole d’Allah (ـ): «Et la satisfaction d’Allah est plus grande encore», et de tacher de bien la garder à l’esprit en tout lieu, en toute situation et en toute circonstance – aussi bien en période de pèlerinage qu’en dehors.
En effet, à partir du moment où ce verset s’ancre bien dans le cœur et devient l’objectif principal, la vocation et le but que l’homme recherche, alors sa situation et toutes ses affaires seront rendues agréables et améliorées.
* * *
[10] Rapporté par Al-Bukhârî (1521). [11] Rapporté par Al-Bukhârî (1773) et Muslim (1349). [12] Rapporté par Muslim (121). [13] Rapporté par At-Tirmidhî (810). [14] S. 9, v. 71-72. [15] NdR: dans le verset, Allah a utilisé un superlatif absolu et non un superlatif relatif. En d’autres termes, Allah a dit que Sa satisfaction «est plus grande» mais n’a pas dit: «plus grande que...» car elle est en réalité plus grande que toute chose. [16] Rapporté par Al-Bukhârî (6549) et Muslim (2829) dans leurs recueils authentiques. [17] Rapporté par Al-Hâkim dans «Al-Mustadrak» avec une chaîne de transmission authentique.
Troisième objectif: la crainte d’Allah
Le troisième objectif du pèlerinage est de ressentir pleinement la crainte d’Allah (ج). Et bien que les versets qui traitent du pèlerinage ne soient pas nombreux, Allah y a enjoint à de nombreuses reprises. En effet, durant le pèlerinage, les moyens qui permettent d’atteindre la piété (ou crainte d’Allah) sont bien plus nombreux qu’à une autre période, à condition de comprendre véritablement ce que signifient le pèlerinage et ses finalités.
On retrouve que dans la sourate «Al-Baqarah [18]», l’ordre de craindre Allah (ﻷ) est répété, notamment dans les versets qui traitent du pèlerinage.
Premièrement, Allah (أ) a dit:
﴾وَٱتَّقُواْ ٱللَّهَ وَٱعۡلَمُوٓاْ أَنَّ ٱللَّهَ شَدِيدُ ٱلۡعِقَابِ﴿
«Craignez Allah. Et sachez qu’Allah est dur en punition [19].»
Puis Il (ـ) a dit:
﴾وَتَزَوَّدُوا فَإِنَّ خَيْرَ الزَّادِ التَّقْوَى وَاتَّقُونِ يَا أُولِي الْأَلْبَابِ﴿ [البقرة: 197].
«Et prenez vos provisions, mais vraiment la meilleure provision est la piété. Et craignez-Moi, ô doués d’intelligence! [20]»
Puis Il (ج) a conclu ces versets en disant:
﴾وَاتَّقُوا اللَّهَ وَاعْلَمُوا أَنَّكُمْ إِلَيْهِ تُحْشَرُونَ﴿ [البقرة: 203].
«Et craignez Allah. Et sachez que c’est vers Lui que vous serez rassemblés [21].»
Et Allah (ـ) a dit dans la sourate «Al-Hajj [22]»:
﴾ذَلِكَ وَمَنْ يُعَظِّمْ شَعَائِرَ اللَّهِ فَإِنَّهَا مِنْ تَقْوَى الْقُلُوبِ٣٢﴿ [الحج: 32].
«Voila «ce qui est prescrit». Et quiconque exalte les injonctions sacrées d’Allah, s’inspire en effet de la piété des cœurs [23].»
Et Il a dit:
﴾لَنْ يَنَالَ اللَّهَ لُحُومُهَا وَلَا دِمَاؤُهَا وَلَكِنْ يَنَالُهُ التَّقْوَى مِنْكُمْ﴿ [الحج: 37].
«Ni leurs chairs ni leurs sangs n’atteindront Allah, mais ce qui L’atteint de votre part c’est la crainte [24].»
Ainsi, la crainte d’Allah (ou piété) est la plus importante des recommandations et la meilleure des provisions pour le Jour du retour.
Elle est la recommandation d’Allah (ـ) aux premières et aux dernières de Ses créatures, comme Il l’a dit (ـ):
﴾وَلَقَدْ وَصَّيْنَا الَّذِينَ أُوتُوا الْكِتَابَ مِنْ قَبْلِكُمْ وَإِيَّاكُمْ أَنِ اتَّقُوا اللَّهَ﴿ [النساء: 131].
«Nous avons certainement enjoint à ceux auxquels le Livre fut donné avant vous, tout comme à vous-mêmes, de craindre Allah [25].»
Elle est également la recommandation du noble prophète pour Sa communauté. Il (ج) avait en effet pour habitude, lorsqu’il envoyait un chef à la tête d’une expédition, de lui recommander de craindre Allah (ﻷ) au fond de lui et de bien agir avec les musulmans qui l’accompagnaient.
Par ailleurs, il recommandait souvent de craindre Allah dans ses sermons. Lorsqu’il a sermonné les gens lors du pèlerinage d’adieu le jour du Sacrifice, il a invité les gens à la crainte d’Allah (ﻷ). Et les pieux prédécesseurs n’ont cessé de se l’enjoindre mutuellement, car elle est la meilleure des provisions qui puisse conduire à la satisfaction d’Allah (ﻷ).
Et lorsqu’un homme a dit à cUmar Ibn Al-Khattâb(س):
- «Crains Allah!»,
- Il lui a répondu en disant: «Il n’y a pas de bien en vous si vous ne dites pas cela, et il n’y a pas de bien en nous si nous ne l’acceptons pas.» Et beaucoup de paroles similaires ont été rapportées des anciens à ce propos [26].
Qu’il est réjouissant de voir le pèlerin revenir de son pèlerinage rempli de ces provisions grandement bénies.
L’invitation récurrente à craindre Allah (ﻷ), que l’on trouve dans les versets du pèlerinage, et Son appel à la piété adressé aux doués de raison montrent bien qu’il incombe aux personnes sensées et douées d’intelligence – puisqu’Allah les a honorés en leur permettant d’accomplir le pèlerinage – de considérer la crainte d’Allah (ﻷ) comme l’un des objectifs majeurs de leur pèlerinage ; et d’utiliser leur raison et leur esprit lors de ces rites immenses afin d’obtenir la crainte d’Allah. En somme, le pèlerinage est une véritable école de la piété et une porte qui y guide.
* * *
[18] Sourate n°2. [19] S. 2, v. 196. [20] S. 2, v. 197. [21] S. 2, v. 203. [22] Sourate n°22. [23] S. 22, v. 32. [24] S. 22, v. 37. [25] S. 4, v. 131. [26] Cf. «Jâmic al-culûm wa al-hikam», d’Ibn Rajab, p. 150-151.
Quatrième objectif: l’évocation d’Allah («dhikr»)
Le quatrième objectif du pèlerinage est d’instaurer le rappel (ou évocation) d’Allah (ـ), car en vérité toutes les bonnes œuvres ont été légiférées dans ce but. Et il n’existe pas d’équivalent pour se rapprocher d’Allah.
Ainsi, la prière a été légiférée en vue d’instaurer le rappel d’Allah:
﴾وَأَقِمِ الصَّلَاةَ لِذِكْرِي﴿ [طه: 14].
«Et accomplis la prière pour te rappeler de Moi [27].»
De même, le pèlerinage, le jeûne ainsi que toute autre adoration ont été légiférés dans ce but. C’est pour cela qu’Allah (ـ) a dit:
﴾فَإِذَا أَفَضْتُمْ مِنْ عَرَفَاتٍ فَاذْكُرُوا اللَّهَ عِنْدَ الْمَشْعَرِ الْحَرَامِ﴿ [البقرة: 198].
«Puis, quand vous déferlez depuis cArafât, invoquez Allah dans la Place Sacrée [28].»
Et Il (ج) a dit:
﴾وَأَذِّنْ فِي النَّاسِ بِالْحَجِّ يَأْتُوكَ رِجَالًا وَعَلَى كُلِّ ضَامِرٍ يَأْتِينَ مِنْ كُلِّ فَجٍّ عَمِيقٍ٢٧ لِيَشْهَدُوا مَنَافِعَ لَهُمْ وَيَذْكُرُوا اسْمَ اللَّهِ فِي أَيَّامٍ مَعْلُومَاتٍ عَلَى مَا رَزَقَهُمْ مِنْ بَهِيمَةِ الْأَنْعَامِ﴿ [الحج: 27-28].
«Et fais annonce aux gens pour le pèlerinage. Ils viendront vers toi, à pied, et aussi sur toute monture, venant de tout chemin éloigné pour prendre part à des avantages qui leur ont été accordés et pour invoquer le nom d’Allah aux jours fixés, sur la bête de cheptel qu’Il leur a attribuée [29].»
Ainsi, l’évocation d’Allah (ﻷ) est l’une des finalités du pèlerinage. D’un autre point de vue, ce sont même le pèlerinage et les autres actes d’adoration qui ont été légiférés pour instaurer le rappel d’Allah. Et c’est pourquoi notre prophète (ج) a dit:
«La marche «Tawâf» autour de la Maison «Sacrée», la marche entre As-Safâ et Al-Marwah ainsi que la lapidation des stèles n’ont été légiférées que pour instaurer l’évocation d’Allah [30].»
Ainsi, nous tournons autour de la Maison Sacrée, accomplissons des allers-retours entre les monts As-Safâ et Al-Marwah et faisons halte à cArafât, veillons à Muzdalifah et lapidons les stèles etc. dans le but d’instaurer l’évocation d’Allah (أ). Aussi, l’évocation d’Allah est la plus noble des œuvres et le plus grand des actes d’obéissance. C’est à ce titre que le prophète (ج) a dit:
- ««Voulez-vous que» je vous informe de la meilleure de vos œuvres, celle qui est la plus fructueuse auprès de votre Souverain, celle qui vous élève le plus haut en degrés, celle qui est meilleure pour vous que le don de votre or, votre argent, meilleure pour vous que de rencontrer vos ennemis et frapper leurs cous ; et qu’ils frappent les vôtres?»
- «Certainement! Ô Messager d’Allah!» Répondirent-ils.
- Il dit: «C’est l’évocation d’Allah [31].»
Et Allah (ـ) a dit:
﴾يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا اذْكُرُوا اللَّهَ ذِكْرًا كَثِيرًا٤١ وَسَبِّحُوهُ بُكْرَةً وَأَصِيلًا٤٢﴿ [الأحزاب: 41-42].
«Ô vous qui croyez! Evoquez Allah d’une façon abondante, et glorifiez-Le à la pointe et au déclin du jour [32].»
Et Il a dit:
﴾وَالذَّاكِرِينَ اللَّهَ كَثِيرًا وَالذَّاكِرَاتِ أَعَدَّ اللَّهُ لَهُمْ مَغْفِرَةً وَأَجْرًا عَظِيمًا﴿ [الأحزاب: 35].
«Et ceux et celles qui évoquent souvent Allah, Allah a préparé pour eux un pardon et une énorme récompense [33].»
Ainsi, évoquer Allah (ﻷ) est un acte grandiose d’obéissance et une adoration de grande valeur. Nous devons impérativement garder cela à l’esprit non seulement pendant notre pèlerinage mais également durant notre prière, notre jeûne et dans tous nos actes de dévotion. En effet, dans toute adoration, ceux qui obtiennent la plus grande récompense sont ceux qui évoquent le plus souvent Allah.
Mucâdh Ibn Anas Al-Juhanî (س) relate qu’un homme est venu interroger le messager d’Allah (ج) en disant:
- «Quel combat permet d’obtenir la plus grande récompense?»
- Il a répondit: «Celui où on évoque le plus Allah (أ).»
- Il poursuivit: «Quels sont les jeûneurs qui ont la plus grande récompense?»
- Il dit: «Ceux qui évoquent le plus Allah (أ).»
Puis il a interrogé tour à tour sur la prière, l’aumône légale, le pèlerinage et l’aumône et à chaque fois, il répondait: «Celui où on évoque le plus Allah (أ).»
Alors, Abû Bakr (س) s’est adressé à cUmar (س) en disant:
- «Ô Abû Hafs, ceux qui évoquent souvent Allah ont emporté tout le bien!»
- Le messager d’Allah (ج) a alors dit: «Assurément! [34]»
L’érudit Ibn Al-Qayyim (/) a dit: «Les meilleurs, dans toute adoration, sont ceux qui y évoquent le plus Allah (ﻷ). Ainsi, les meilleurs des jeûneurs sont ceux qui évoquent le plus Allah (ﻷ) durant leur jeûne. Et les meilleurs parmi ceux qui font des aumônes sont ceux qui évoquent le plus Allah (ﻷ). Et les meilleurs des pèlerins sont ceux qui évoquent le plus Allah (ﻷ). Et il en est ainsi pour toutes les autres œuvres [35].»
En conséquence, tous les pèlerins ne sont pas égaux dans leur pèlerinage et leur récompense n’est pas identique. On retrouve parmi eux ceux qui évoquent abondamment Allah (ﻷ), ceux qui L’évoquent peu et ceux qui se situent sur une voie intermédiaire. On retrouve même parmi eux des personnes insouciantes, distraites ou qui se détournent. Et c’est auprès d’Allah que l’on cherche le refuge.»
* * *
[27] S. 20, v. 14. [28] S. 2, v. 198. «Place Sacrée»: Muzdalifah. [29] S. 22, v. 27-28. [30] Rapporté par l’imam Ahmad dans «Al-Musnad» (23215) et d’autres. [31] Rapporté par At-Tirmidhî (3377). [32] S. 33, v. 41-42 [33] S. 33, v. 35. [34] Cf. «Al-Musnad» de l’imam Ahmad (15614), et «Al-Mucjam al-Kabîr» d’At-Tabarânî (vol. 20/n°408). Hadith considéré comme bon, comme en attestent d’autres récits qui s’y rapportent. [35] Cf. «Al-Wâbil As-Sayyib», p. 152.
Cinquième objectif: renforcer sa foi
Le cinquième objectif du pèlerinage est de renforcer sa foi. Le pèlerinage contient de nombreuses opportunités pour réformer son âme, corriger son cœur et augmenter sa foi. En effet, combien renferme-t-il d’enseignements admirables et de leçons bouleversantes qui illustrent la ferveur des cœurs vers Allah (ﻷ), l’intensité de leur désir, de leur crainte, de leur espoir, de leur peur, et leur retour en masse à Allah plein de repentance? Et combien de larmes sincères ont été versées durant le pèlerinage? Combien de repentirs honnêtes ont été acceptés? Combien de méfaits pardonnés? Combien d’erreurs effacées? Combien d’invocations pleines de dévotion exaucées? Et combien d’âmes délivrées du feu?
Aussi, les opportunités de renforcer sa foi et les causes qui la font augmenter sont nombreuses et variées durant le pèlerinage. Celui-ci annule tout ce qui a été commis dans le passé. Et lorsqu’il est pieusement accompli, il n’a d’autre récompense que le Paradis. Et quiconque s’en acquitte sans rapport charnel ni obscénité en reviendra lavé de ses péchés comme le jour où sa mère l’a mis au monde. Il efface les péchés autant que le soufflet du forgeron élimine les impuretés du fer, comme en attestent les hadiths authentiques du messager d’Allah (ج).
Et pour de nombreuses personnes, le pèlerinage a constitué un tournant dans leur vie, les faisant basculer du mal au bien, ou du bien vers le mieux, et les exemples concrets qui témoignent de ces faits sont trop nombreux pour être recensés.
Et combien de pèlerins ont cherché assidûment les moments d’exaucement des invocations et y ont levé leurs mains vers leur Seigneur pleins de dévotion, d’humiliation et d’espoir de recevoir Son immense bienfait! Et combien Lui ont demandé de leur renouveler leur foi dans leur cœurs, de les affermir dessus, d’éloigner d’eux les troubles et tentations – visibles ou cachés – et d’améliorer leur pratique de la religion, leur situation d’ici-bas et de l’au-delà, de les embellir de l’ornement de la foi et de faire d’eux des gens qui guident et sont bien guidés!
Or Allah (ﻷ) ne déçoit jamais un serviteur L’ayant invoqué et ne repousse jamais un serviteur L’ayant prié en secret. Il (ـ) est Celui qui a dit:
﴾وَإِذَا سَأَلَكَ عِبَادِي عَنِّي فَإِنِّي قَرِيبٌ أُجِيبُ دَعْوَةَ الدَّاعِ إِذَا دَعَانِ فَلْيَسْتَجِيبُوا لِي وَلْيُؤْمِنُوا بِي لَعَلَّهُمْ يَرْشُدُونَ١٨٦﴿ [البقرة: 186].
«Et quand Mes serviteurs t’interrogent sur Moi... alors Je suis tout proche ; Je réponds à l’appel de celui qui Me prie quand il Me prie. Qu’ils répondent à Mon appel, et qu’ils croient en Moi, afin qu’ils soient bien guidés [36].»
Et il a été rapporté de manière authentique que le prophète (ج) a dit: «Les pèlerins et ceux qui accomplissent la cUmrah sont les délégations d’Allah. Il les a invités et ils ont répondu. Ils lui ont demandé et Il leur a accordé [37].»
Aussi, il est bienvenu, pour celui qu’Allah a honoré par le pèlerinage, qu’il s’humilie devant son Seigneur, rabaisse son égo et s’abandonne devant Lui, en espérant Sa miséricorde et Son pardon tout en craignant Son châtiment et Sa malédiction, et qu’il se repente de tous les péchés que ses mains ou ses pieds ont commis.
De même, il convient qu’il évoque Allah abondamment, qu’il Lui fasse de nombreuses demandes, qu’il Le supplie de le pardonner et L’implore, afin qu’il se retrouve métamorphosé par son pèlerinage, qu’il retourne dans sa famille et dans son pays de la meilleure des manières, et qu’il ouvre une nouvelle page de sa vie, remplie d’obéissance, de vertu et de droiture, le cœur apaisé, l’âme pleine de repentir et la poitrine humble, en demandant à son Seigneur de le raffermir sur la foi et le préserver des épreuves.
Et c’est Allah qui accorde la réussite.
* * *
[36] S. 2, v. 186. [37] Rapporté par Al-Bazzâr dans «Al-Musnad» comme dans «Kashf al-Astâr» (1153), déclaré bon par Al-Albânî (/) dans «As-Silsilah As-Sahîhah (1820)».
Sixième objectif: s’habituer à répondre à l’appel d’Allah
Le sixième objectif du pèlerinage est d’inculquer «à l’âme et de graver en elle» l’habitude de répondre à l’appel d’Allah (أ), de se conformer à Son ordre, de Lui être obéissant et de se soumettre à Sa législation.
Et ceci est l’un des buts immenses et magnifiques du pèlerinage qui mérite qu’on lui prête attention.
Celui-ci se manifeste de manière visible à de nombreuses occasions et dans différents aspects du pèlerinage. Parmi les plus évidents, on compte la Talbiyah, que le pèlerin répète des dizaines – voire même des centaines – de fois selon sa motivation à le faire. Les paroles dont elle se compose sont une forme de réponse et de soumission à l’appel d’Allah (ﻷ). Dans la Talbiyah, l’expression «Labbayk...» est répétée à quatre reprises, or celle-ci est une parole que l’on prononce pour répondre à un appel. Elle signifie «Je suis en train de répondre à Ton appel, Ô Allah, en me conformant à ce que Tu m’ordonnes de faire et en me soumettant à Ta législation, Tu m’as invité à accomplir le pèlerinage vers Ta Maison Sacrée et j’ai alors dit: «Je réponds à ton appel, ô Allah, je réponds à Ton appel.»»
Allah (ﻷ) a dit:
﴾وَأَذِّنْ فِي النَّاسِ بِالْحَجِّ يَأْتُوكَ رِجَالًا وَعَلَى كُلِّ ضَامِرٍ يَأْتِينَ مِنْ كُلِّ فَجٍّ عَمِيقٍ٢٧﴿ [الحج: 27].
«Et fais annonce aux gens pour le pèlerinage. Ils viendront vers toi, à pied, et aussi sur toute monture, venant de tout chemin éloigné [38].»
La réponse des gens de foi à cet appel du Tout Miséricordieux est: «Je réponds à Ton appel, ô Allah, je réponds à Ton appel...» C’est-à-dire: «Je suis en train de répondre à Ton appel, Ô Allah, en me conformant à ce que Tu m’ordonnes de faire et en me soumettant à ce à quoi Tu nous as appelé.»
Et la répétition de l’expression «Je réponds à Ton appel...» dans la Talbiyah contribue à renforcer la réponse à cet appel. Ainsi, lorsque tu dis: «Je réponds à Ton appel, ô Allah, je réponds à Ton appel», cela indique une réponse répétitive, une soumission continue, et une conformité ininterrompue.»
Aussi, il est légiféré d’élever la voix lorsqu’on prononce la Talbiyah, comme en atteste un hadith de notre prophète (ج), dans lequel il a dit: «L’ange Gabriel est venu à moi et m’a dit: «Ordonne à tes compagnons ou à ceux qui sont avec toi d’élever leur voix durant la Talbiyah.» [39]»
Il a également été rapporté qu’on lui (ج) a demandé:
- «Qu’est-ce que le pèlerinage?»
- Il a alors répondu: «C’est d’élever sa voix et de faire couler le sang [40].»
Le fait d’élever sa voix en prononçant la Talbiyah a un sens profond et un impact considérable sur le serviteur dans sa réponse à l’appel d’Allah (ـ) et sa soumission à Son ordre.
Et pour preuve, il a été rapporté dans un hadith dans lequel Sahl (س) relate que le prophète (ج) a dit: «Pas un seul musulman ne prononce la Talbiyah sans que les pierres, les arbres ou les mottes de boue sèche qui se trouvent à sa droite et à sa gauche en fassent de même, et ce jusqu’à atteindre l’horizon de part et d’autre [41].»
Ainsi, lorsque tu élèves ta voix pour réciter la Talbiyah, les arbres, les pierres et les montagnes situés à ta droite et à ta gauche en font de même. Et même si nous n’entendons pas les arbres, les pierres et les montagnes prononcer la Talbiyah, nous avons la certitude que cela se produit, car celui qui nous en a informé est le véridique que l’on croit sur parole [42] et qui ne parle jamais sous l’effet de sa passion (ج). D’ailleurs, on trouve dans le Coran des exemples similaires qui attestent de cela comme, dans la parole d’Allah (ﻷ):
﴾تُسَبِّحُ لَهُ السَّمَاوَاتُ السَّبْعُ وَالْأَرْضُ وَمَنْ فِيهِنَّ وَإِنْ مِنْ شَيْءٍ إِلَّا يُسَبِّحُ بِحَمْدِهِ وَلَكِنْ لَا تَفْقَهُونَ تَسْبِيحَهُمْ إِنَّهُ كَانَ حَلِيمًا غَفُورًا٤٤﴿ [الإسراء: 44].
«Les sept cieux et la terre et ceux qui s’y trouvent, célèbrent Sa gloire. Et il n’existe rien qui ne célèbre Sa gloire et Ses louanges. Mais vous ne comprenez pas leur façon de Le glorifier. Certes, Il est Indulgent et Pardonneur [43].»
Il (ج) a également dit:
﴾يَا جِبَالُ أَوِّبِي مَعَهُ وَالطَّيْرَ﴿ [سبأ: 10].
«Ô montagnes et oiseaux, répétez avec lui (les louanges d’Allah) [44].»
Ainsi, les créatures célèbrent Sa gloire, et lorsque celui qui prononce la Talbiyah passe à proximité des arbres, des pierres ou des montagnes, alors celles-ci en font de même.
Et la prononciation récurrente et répétitive de la formule de la Talbiyah sur la langue du pèlerin n’est pas une affaire dénuée de sens qui ne présente aucun intérêt. Bien au contraire! Elle contribue à faire graver dans ton cœur, cher pèlerin, l’habitude de répondre à l’appel d’Allah (ﻷ) et de te soumettre à ce qu’Il t’ordonne.
Ceci n’est pas uniquement valable à la Mecque ou durant tes déplacements entre les différents rites, mais cela englobe ta vie toute entière.
Allah (ﻷ) t’a invité à accomplir le pèlerinage et tu as alors répondu: «Je réponds à Ton appel, ô Allah, je réponds à ton appel». Ainsi, toi qui as reçu l’ordre d’Allah d’accomplir le pèlerinage et qui y as répondu en prononçant la Talbiyah et qui t’es dirigé vers l’Antique Maison en espérant Sa miséricorde et en craignant Son châtiment, où en es-tu avec les autres ordres d’Allah? Où en es-tu dans ta prière qui est le fondement de la religion et qui est le plus important de ses piliers après la double attestation de foi? Où en es-tu avec le jeûne et l’aumône légale? Ou en es-tu quand il s’agit de s’éloigner des interdits et de délaisser les choses prohibées?
S’il s’avère que tu agis en conformité avec tout cela, alors loue Allah et demande Lui qu’Il te rajoute davantage encore. En revanche, s’il s’avère que tu te montres négligeant et laxiste à cet égard, alors demande des comptes à ta propre âme avant qu’on ne lui en demande le Jour de la menace.
Et tu as été invité à la prière alors qu’elle est plus importante que le pèlerinage, tu as été appelé au jeûne alors que celui-ci est plus important que le pèlerinage [45], et tu as été convié à accomplir tous les actes obligatoires à t’éloigner des interdits. Comment est-ce que tu vis avec les ordres d’Allah et les obligations de l’Islam, toi qui prononces la Talbiyah, toi qui as répété ces paroles auprès de la Maison d’Allah et lors de tes déplacements entre les différents lieux de culte?!
Convient-il à un musulman d’élever sa voix en prononçant la Talbiyah lors du pèlerinage puis – lorsqu’il est appelé à la prière – de ne pas répondre à l’appel?! Ou bien de ne pas répondre à l’appel du jeûne lorsque celui-ci retentit?! Ou bien de ne pas répondre lorsqu’il est appelé à s’éloigner des interdits et des péchés?!
C’est pour ces raisons que nous devons prendre conscience que la Talbiyah et les autres rites du pèlerinage servent à ancrer dans nos cœurs la réponse à l’appel d’Allah et la mise en pratique de Ses ordres (ـ).
Et combien sont les gens qu’Allah a honorés en leur permettant de tirer profit de leur pèlerinage et de revenir dans leurs pays dans une meilleure condition, par le fait qu’ils se sont mis à obéir aux ordres, à s’éloigner des interdits et ont ainsi atteint la piété et la crainte d’Allah (ﻷ)? Et c’est pour cela qu’au beau milieu des versets relatifs au pèlerinage, on retrouve la parole d’Allah (ـ):
﴾وَتَزَوَّدُوا فَإِنَّ خَيْرَ الزَّادِ التَّقْوَى وَاتَّقُونِ يَا أُولِي الْأَلْبَابِ﴿ [البقرة: 197].
«Et prenez vos provisions, mais vraiment la meilleure provision est la piété. Et redoutez-Moi, ô doués d’intelligence! [46]»
* * *
[38] S. 22, v. 27-28. [39] Rapporté par Ad-Dârimî dans son recueil «As-Sunan» (1755) et d’autres. [40] Rapporté par Ibn Mâjah dans son recueil «As-Sunan» (2896). NdR: en arabe: «Al-cAjj, Ath-Thajj». «Al-cAjj» consiste à élever sa voix par la Talbiyah, tandis que «Ath-Thajj» consiste à faire couler le sang de la bête que l’on sacrifie. Voici une preuve de l’éloquence du prophète (ج), qui a répondu à cette question d’ordre général en deux simples mots. [41] Rapporté par At-Tirmidhî dans «Al-Jâmic» (828). [42] En arabe: «As-Sâdiq Al-Masdûq». [43] S. 17, v. 44. [44] S. 34, v. 10. [45] Beaucoup de preuves convergent dans ce sens: comme le fait que les hadiths dans lesquels il (ج) mentionne les cinq piliers de base de l’Islam et dans lesquels il énumère la prière avant l’aumône légale, le jeûne et le pèlerinage. «L’Islam a été établi sur cinq «piliers»: attester qu’Il n’y a pas de divinité «digne d’être adorée» en dehors d’Allah et que Muhammad est le messager d’Allah, accomplir la prière, acquitter l’aumône légale, jeûner le mois de Ramadan et accomplir le pèlerinage à la Maison Sacrée.» «Cf. Al-Bukhârî et Muslim». Puis, si tu réfléchis sous un autre angle à la manière et l’ordre chronologique avec lesquels les obligations religieuses ont été révélées sur notre prophète (ج), tu remarqueras que la première chose avec laquelle il a été envoyé est l’unicité d’Allah, lorsqu’il avait quarante ans. Il a passé dix années à prêcher cette parole. Puis, lorsqu’il eut cinquante ans, la prière lui fut prescrite. Puis, cinq années s’écoulèrent après cela et c’est alors que le jeûne fut prescrit en l’an deux après l’émigration. Et le pèlerinage ne fut rendu obligatoire qu’en l’an neuf après l’émigration. Cet ordre nous prouve que l’unicité est plus importante que la prière, qui l’est plus que le jeûne, qui l’est plus que le pèlerinage. Et si un individu néglige l’unicité tout en accomplissant son pèlerinage, à quoi cela peut bien lui servir alors qu’il a négligé l’élément fondamental et la base «de sa religion»? Ou bien s’il abandonne la prière et accomplit son pèlerinage, en quoi cela pourrait lui être utile s’il néglige sa prière? Le prophète (ج) a dit: «Le pacte qu’il y a entre nous et eux est celui de la prière. Aussi, quiconque la délaisse a certes mécru.» «Cf. At-Tirmidhî, An-Nasâ’î, Ibn Mâjah...» Et un jour, on a évoqué la prière en sa présence et il a dit: «Quiconque préserve sa prière «en l’accomplissant régulièrement comme il se doit», elle sera alors pour lui une lumière, une preuve et une délivrance au Jour de la résurrection. Quant à celui qui ne la préserve pas, il n’aura aucune lumière ni preuve ni délivrance, et il sera au Jour de la résurrection avec Qârûn (Côré), Fircawn (Pharaon), Hâmân et Ubayy Ibn Khalaf». «Cf. Ahmad, Ad-Dârimî...» Les preuves qui se rapportent à la prière et soulignent l’importance de son statut et son rang élevé sont très nombreuses. [46] S. 2, v. 197.
Septième objectif: obtenir ses bienfaits et tirer leçon de ses enseignements
Le septième objectif du pèlerinage est d’obtenir et de participer à ses énormes bienfaits, d’en tirer des leçons bouleversantes et des enseignements variés. Allah (ـ) a dit:
﴾وَأَذِّنْ فِي النَّاسِ بِالْحَجِّ يَأْتُوكَ رِجَالًا وَعَلَى كُلِّ ضَامِرٍ يَأْتِينَ مِنْ كُلِّ فَجٍّ عَمِيقٍ٢٧﴿ [الحج: 27].
«Et fais annonce aux gens pour le pèlerinage. Ils viendront vers toi, à pied, et aussi sur toute monture, venant de tout chemin éloigné afin de prendre part à des avantages qui leur ont été accordés [47].»
Les bienfaits et avantages du pèlerinage sont indénombrables, et ses leçons et enseignements sont incalculables. Ainsi, la parole d’Allah (ـ): «avantages» dans le verset – qui est le pluriel du mot «avantage» - a été mis à la forme indéfinie «en arabe» afin de souligner leur multiplicité, leur diversité et leur grand nombre.
Aussi, le fait d’être témoin et de prendre part à ces avantages est une chose voulue durant le pèlerinage, vu que la particule «afin de» («lâm») utilisée dans Sa parole: «afin de participer à des avantages…» introduit un complément circonstanciel de but qui fait suite à Sa parole: «Et fais annonce aux gens pour le pèlerinage. Ils viendront vers toi, à pied, et aussi sur toute monture …» Cela signifie donc: «Si tu leur fais annonce pour le pèlerinage, ils viendront à toi à pied et sur leurs montures dans le but de participer aux avantages du pèlerinage, c’est-à-dire pour y prendre part. Et ce qui est signifié par «prendre part aux avantages» est qu’ils les obtiennent et en tirent profit.
Ainsi, il convient pour tout individu à qui Allah (ﻷ) a permis d’accomplir cet acte d’adoration en le lui facilitant, de faire tout son possible pour obtenir les bénéfices du pèlerinage et tirer profit de ses leçons et exhortations, en plus de ce qu’il obtient comme énorme récompense, immense rétribution, pardon des péchés et expiation des méfaits.
Et il est bienvenu, pour quiconque a obtenu ce gain et a décroché ce butin, de revenir dans son pays dans un état purifié, avec une bonne âme, une vie nouvelle remplie de foi et de crainte, pleine de bonté, de bienfaisance, de droiture et d’attachement à l’obéissance d’Allah (ﻷ).
* * *
[47] S. 22, v. 27-28.
Huitième objectif: se rappeler la vie des prophètes
Le huitième objectif grandiose du pèlerinage est de se rappeler de la situation des prophètes et la vie des messagers d’Allah (†).
En fait, le pèlerinage est truffé d’évènements, de lieux de culte et de symboles grandioses qui viennent rappeler aux croyants la vie des prophètes d’Allah.
«Que l’on sache que» cette terre par laquelle Allah nous a honorés en nous permettant de nous déplacer d’un lieu de culte à un autre et de passer d’un rite à un autre, a été empruntée avant nous par les messagers et prophètes d’Allah (†). Le prophète (ج) a dit: «Soixante-dix prophètes ont prié dans la mosquée d’Al-Khayf [48].»
Ainsi, les élites parmi les serviteurs d’Allah se sont rendues avant toi sur ces terres bénies pour y accomplir cet acte d’adoration. Prends donc conscience de cela, fais pénétrer profondément dans ton cœur ce lien qui t’unit avec les prophètes d’Allah. Et alors que tu suis leurs traces, cherche donc également à suivre leur voie «dans la religion». Allah (ﻷ) a dit:
﴾أُولَئِكَ الَّذِينَ هَدَى اللَّهُ فَبِهُدَاهُمُ اقْتَدِهْ﴿ [الأنعام: 90]
«Voilà ceux qu’Allah a guidés. Suis donc leur direction [49].»
Et ce rappel immense revient à toi dans tous les rites du pèlerinage:
- Ainsi, lorsque tu arrives dans la Maison d’Allah, rappelle-toi que ceux qui l’ont construite ne sont autres qu’Ibrâhîm, le rapproché du Tout Miséricordieux, et son fils Ismâcîl ()
﴾وَإِذْ يَرْفَعُ إِبْرَاهِيمُ الْقَوَاعِدَ مِنَ الْبَيْتِ وَإِسْمَاعِيلُ رَبَّنَا تَقَبَّلْ مِنَّا﴿ [البقرة: 127].
«Et quand Ibrâhîm et Ismâcîl élevaient les assises de la Maison: «Ô notre Seigneur accepte ceci de notre part! [50]»»
- Puis lorsque tu termines le Tawâf, tu prononces la parole d’Allah (ـ):
﴾وَاتَّخِذُوا مِنْ مَقَامِ إِبْرَاهِيمَ مُصَلًّى﴿ [البقرة: 125].
«Adoptez donc pour lieu de prière, ce lieu où Ibrâhîm se tint debout [51].»
- Ensuite, lorsque tu bois de l’eau de Zamzam et que tu effectues des allers-retours entre les monts As-Safâ et Al-Marwah, ceci te remémore le récit de Hâjar. Cette femme croyante et véridique s’en remit totalement à Allah lorsqu’Ibrâhîm (÷) vint en sa compagnie vers cette terre puis voulut quitter cet endroit en la laissant, elle et son nouveau-né, seuls dans cette vallée sans agriculture. Elle dit alors:
- «Qui t’a ordonné de nous laisser dans une terre où il n’y a ni lait, ni graine, sans compagnie, ni provision ni eau?»
- Il répondit: «Mon Seigneur me l’a ordonné.»
- Elle dit alors: «Il ne nous abandonnera pas alors.»
Elle demeura seule dans cet endroit, toute croyante et pleine de confiance en Allah (ـ). Puis, lorsque la soif se fit intense et qu’elle craignit la mort pour son nourrisson, elle gravit alors le mont As-Safâ pour chercher de l’eau. Puis, elle repartit vers Al-Marwah, toujours pour chercher de l’eau, puis retourna à nouveau à As-Safâ. Et chaque fois qu’elle franchissait la vallée qui sépare ces deux monts, elle accélérait le pas avec vigueur.
Puis Allah (ـ) permit que jaillisse de l’eau de Zamzam. Depuis, elle n’a cessé de rester bénie, encore jusqu’à nos jours.
Le prophète (ج) a dit à ce propos: «Elle est certainement bénie et elle est un aliment nourrissant et un remède contre les maladies [52].»
Et il a dit qu’elle «sert à ce pourquoi on la boit [53].» Il en a versé (ج) sur sa tête et il en a pris avec Lui.
Elle est une eau pleine de bénédictions, il n’existe pas sur terre d’eau plus pure, plus bénéfique et plus bénie.
Par la suite, les allers-retours entre As-Safâ et Al-Marwah sont devenus l’un des symboles d’Allah et l’un des grands actes d’adoration, consécutivement à l’agissement de cette femme vertueuse et croyante.
Et même les prophètes d’Allah (†) avaient pour habitude d’accomplir la marche en ces lieux, pour se remémorer les allers-retours effectués par Hâjar jusqu’à ce qu’Allah (ـ) lui ait facilité l’accès à l’eau.
- Et lorsque tu te rends à cArafât, rappelle-toi qu’il est mentionné dans un hadith que le prophète (ج) a dit à ses compagnons: «Tenez-vous sur vos lieux de culte car vous êtes sur une des voies héritées de votre père Ibrâhîm (÷). [54]»
En effet, les prophètes n’ont pas laissé en héritage de dinar ou de dirham mais n’ont légué que la religion d’Allah. Et le prophète (ج) a dit: «La meilleure des invocations est celle du jour de cArafâh. Et la meilleure chose que j’ai dite, ainsi que les prophètes avant moi, est «Il n’y a pas de divinité digne d’être adorée en dehors d’Allah Seul et sans associé. A Lui la royauté et à Lui la louange, et Il est capable de toute chose [55].»»
- Et lorsque tu lances les cailloux et lapides les stèles, cela te rappelle la raison originelle pour laquelle on lapide. Cette raison est que le diable s’est présenté à Ibrâhîm (÷) – le rapproché d’Allah – à trois reprises et dans trois endroits. A chaque fois, il le lapidait en lui lançant des petits cailloux, jusqu’à ce qu’il disparaisse sous la terre. Ceci est ainsi demeuré un symbole grandiose que les croyants accomplissent durant leur pèlerinage à la Maison sacrée d’Allah (ـ), afin d’instaurer Son rappel.
- Et lors du sacrifice des offrandes, on retrouve également de quoi nous rappeller cette histoire fascinante et inouïe dans laquelle Ibrâhîm (÷) – le rapproché d’Allah – a vu en rêve qu’il égorgeait son fils Ismâcîl (÷) et lui a alors demandé conseil à propos de cette affaire.
﴾قَالَ يَا أَبَتِ افْعَلْ مَا تُؤْمَرُ سَتَجِدُنِي إِنْ شَاءَ اللَّهُ مِنَ الصَّابِرِينَ١٠٢﴿ [الصافات: 102].
««Celui-ci» dit: «Ô mon cher père, fais ce qui t’es commandé, tu me trouveras, s’il plaît à Allah, du nombre des endurants.» Puis quand tous deux se furent soumis (à l’ordre d’Allah) et qu’il l’eut jeté sur le front… [56]»
Il a fait venir son fils, le couteau à la main, et l’a posé au niveau de son cou, par soumission totale de sa part – ainsi que de son fils – à l’ordre d’Allah. Allah l’a alors épargné d’avoir à sacrifier son fils et lui a donné en échange un sacrifice généreux.
En somme, toutes ces œuvres évoquent la mémoire des prophètes et font que le pèlerin ressort de son pèlerinage imprégné de pureté et d’un bon souvenir qui le renvoie aux meilleures des créatures que sont les prophètes et les messagers d’Allah, qui sont la quintessence même des serviteurs d’Allah et les meilleurs d’entre eux sans exception. «Le pèlerin ressort ainsi» en prenant conscience qu’il emprunte leur voie et qu’il s’attache à leur chemin.
Que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur eux tous ainsi que sur tous ceux qui les ont suivis dans le bien.
* * *
[48] Rapporté par Al-Hâkim dans «Al-Mustadrak» (4169) et par At-Tabarânî dans «Al-Mucjam Al-Kabîr» (12283). [49] S. 6, v. 90. [50] S. 2, v. 127. [51] S. 2, v. 125. [52] Rapporté par «At-Tabarânî» dans «Al-Mucjam As-Saghîr» (297) et par Al-Bayhaqî dans «As-Sunan Al Kubrâ» (9441). [53] Rapporté par Ibn Mâjah dans son recueil «As-Sunan» (3062), par l’imam Ahmad dans son recueil «As-Sunan» (14849) et par Al-Hâkim dans «Al-Mustadrak» (1739). [54] Rapporté par At-Tirmidhî dans «Al-Jâmic» (883) et par An-Nasâ’î dans «As-Sunan» (3014), cette version est la sienne. [55] Rapporté par At-Tirmidhî dans son «Jâmic» (3585), considéré comme «Hasan» par Al-Albânî dans «As-Silsilah As-Sahîhah» (708/4). Translittération de l’invocation: «Lâ ilâha illa_Llâhu wahdahû lâ sharîka lah, lahu_l-mulk wa lahu_l-hamd, wa Huwa calâ kulli shay’in Qadîr.» [56] S. 37, v. 102-103.
Neuvième objectif: s’habituer à suivre la tradition du prophète (ج)
Le neuvième objectif grandiose du pèlerinage est d’inculquer «à l’âme» de suivre et de prendre exemple sur le messager d’Allah (ج). On remarque à ce titre que le pèlerin s’attache fortement à faire en sorte que tous ses actes soient en conformité avec la tradition prophétique (Sunna). On remarque souvent que le pèlerin interroge les gens de science: «Et si je fais cela, est ce que cela pose un problème? Est-il correct d’agir ainsi? Est-ce en accord avec la Sunna?...»
On trouve le pèlerin fermement attaché à faire en sorte que ses actes soient en conformité avec la tradition prophétique. Et nous connaissons tous la parole de notre prophète (ج), relatée par Jâbir: «Prenez de moi vos rites [57]», parole qu’il (ج) a prononcée durant son pèlerinage.
Ainsi, on remarque que le pèlerin est soucieux d’accomplir de manière complète tout ce qui touche aux obligations. Il est également soucieux de délaisser les actes interdits dans leur totalité. On le voit demander avec précision et chercher en toute sincérité à faire en sorte que ses œuvres soient conformes à la guidée du noble prophète (ج).
Observons ces paroles immenses que cUmar Ibn Al-Khattâb (س) a prononcées lorsqu’il a embrassé la pierre noire:
«Vraiment par Allah, je sais bien que tu n’es qu’une pierre qui ne nuit pas et ne procure aucun bien. Et si je n’avais pas vu le messager d’Allah (ج) t’embrasser, alors je ne t’aurais pas embrassée [58].»
Et Yaclâ Ibn Umayyah (س) rapporte:
«J’ai fait le Tawâf avec cUmar Ibn Al-Khattâb (س). Il a alors touché le coin «qui est du côté de la pierre noire» et j’étais à ce moment-ci juste devant la Maison. Puis, lorsque je parvins au niveau du coin occidental qui suit celui de la pierre noire, je tirai sa main pour qu’il le touche.»
- Il dit alors: «Que t’arrive-t-il?»
- Je répondis: «Tu ne la touches pas?»
- Il dit: «N’as-tu pas fait le Tawâf avec le messager d’Allah (ج)?»
- Je dis: «Certes oui.»
- Il poursuivit: «L’as-tu vu toucher ces deux coins occidentaux?»
- Je dis: «Non.»
- Il dit: «N’y a-t-il pas en lui un bon exemple à suivre?»
- Je dis: «Assurément.».
- Il dit: «Alors retiens-toi [59].»
Ce qui signifie: «n’accomplis aucune œuvre sauf si elle est en conformité avec la tradition prophétique».
Ainsi, l’un des plus grands bénéfices que peut tirer le musulman dans sa vie quotidienne est qu’il se mette à chercher à être en conformité avec la législation d’Allah (ﻷ), comme s’il se disait à lui-même: «De la même manière que j’étais lorsque j’ai répondu à l’appel d’Allah et effectué le pèlerinage à la Maison d’Allah en cherchant «à agir selon» la tradition prophétique, en posant des questions à son sujet et en m’efforçant d’agir selon la guidée du prophète (ج), il faut que j’en fasse autant dans tous mes actes d’obéissance et d’adoration.»
De cette manière, il cherchera à suivre la Sunna dans sa prière, dans son jeûne, et dans tout acte d’adoration par lequel il se rapproche d’Allah (ﻷ). Et alors, il prendra le plus grand soin de ne pas tomber dans les passions et innovations pour lesquelles Allah n’a pas fait descendre de preuve.
* * *
[57] Cf. «Sahîh Muslim» (1297). [58] Cf. «Al-Musnad» de l’imam Ahmad (307). [59] Cf. «Al-Musnad» de l’imam Ahmad.
Dixième objectif: se différencier des polythéistes
Le dixième objectif du pèlerinage est de se différencier des polythéistes, de leurs actes et leurs égarements dignes de la Jâhiliyah [60], ainsi que de leurs faussetés sans limites.
A cet effet, nous remarquons que notre prophète (ج) s’est différencié des polythéistes dans les rites du pèlerinage. Et bien qu’ils avaient pour habitude de se rendre au pèlerinage, prononçaient la Talbiyah, stationnaient à cArafât et à Muzdalifah, ils étaient totalement aveugles et excessivement ignorants. Leur Talbiyah était fondée sur le polythéisme et l’attribution d’un égal à Allah. Ainsi, certains d’entre d’eux disaient dans leur Talbiyah: «Je réponds à ton appel, point de divinité digne d’adoration en dehors de Toi, je réponds à Ton appel. Je réponds à Ton appel, Tu n’as point d’associé, sauf un associé que Tu possèdes, lui et ce qu’il possède.»
Ainsi, ils mêlaient le polythéisme et l’associationnisme à la Talbiyah (ﻷ). Or, c’est précisément le sens de la parole d’Allah (ﻷ) lorsqu’Il a exposé leur situation:
﴾وَمَا يُؤْمِنُ أَكْثَرُهُمْ بِاللَّهِ إِلَّا وَهُمْ مُشْرِكُونَ١٠٦﴿ [يوسف: 106].
«Et la plupart d’entre eux ne croient en Allah qu’en Lui donnant des associés [61].»
Et lorsqu’Il a dit:
﴾فَلَا تَجْعَلُوا لِلَّهِ أَنْدَادًا وَأَنْتُمْ تَعْلَمُونَ﴿ [البقرة: 22].
«Ne Lui cherchez donc pas des égaux, alors que vous savez (tout cela) [62].»
Ainsi, le prophète a proclamé l’unicité d’Allah dans la Talbiyah «contrairement aux polythéistes».
Par ailleurs, ceux-ci avaient pour habitude de déferler depuis cArafât vers Muzdalifah avant le coucher du soleil, c’est pourquoi le prophète (ج) s’est différencié d’eux en ne quittant cArafât qu’après le coucher du soleil. Par ailleurs, ils ne quittaient Muzdalifah qu’après le lever du soleil mais le prophète (ج) s’est distingué d’eux en partant dès que le ciel devenait jaune sans attendre le lever complet du soleil, pour éviter d’imiter les polythéistes.
Tels sont les rites du pèlerinage et les actes d’adoration accomplis par le musulman: purifiés des égarements des gens de la période préislamique et de la sottise des gens du faux. Et pour preuve, lorsque le prophète (ج) s’est adressé aux gens durant le pèlerinage pendant son sermon, il leur a dit:
«Certainement, toute chose de l’époque préislamique est abolie sous mes pieds, et le sang de la période préislamique l’est également. Et le premier sang parmi les nôtres que j’abolis est celui d’Ibn Rabîcah Ibn Al-Hârith. Celui-ci était à la recherche d’une nourrice chez les Banû Sacd et fut tué par la tribu des Hudhayl. Et l’usure de l’époque préislamique est abolie. Et la première forme d’usure que j’abolis chez nous est celle de cAbbâs Ibn cAbdil_Muttalib. Elle est abolie dans sa totalité [63].»
Ceci prouve la situation exécrable et le grand désordre dans lesquels vivaient les gens avant l’Islam. Ceci concerne aussi bien leurs adorations que leurs interactions: association à Allah, versement du sang, richesses spoliées, honneur dénigré… du fait que l’ignorance avait atteint chez eux son summum et l’égarement son apogée. Ils ont ainsi mérité la colère d’Allah (ﻷ) et l’abomination.
Il est donc nécessaire que le musulman arrive, grâce à son pèlerinage, à se différencier des ennemis de la religion d’Allah (ﻷ), à se montrer fier de sa religion, à prendre les plus grandes précautions pour ne pas ressembler aux ennemis d’Allah, à apprécier la vraie valeur de ce bienfait (le pèlerinage), à préserver le rang qu’il occupe, aussi bien pour son propre intérêt que pour reformer la communauté à laquelle il appartient. Tout cela en faisant en sorte de se conformer aux actes de la droiture de l’Islam, et en prenant le plus grand soin de ne pas tomber dans les actes de la Jâhiliyah, sa sottise, son égarement et sa fausseté, afin d’obtenir la satisfaction d’Allah et Sa miséricorde, et d’échapper à Sa colère et Son exécration (ـ).
Il a été rapporté de manière sure dans un hadith que le prophète (ج) a dit: «Les individus les plus détestés par Allah sont de trois types: un blasphémateur [64] dans la Mosquée Sacrée, une personne qui désire apporter dans l’Islam une tradition de l’époque préislamique, et une personne qui, cherchant à venger une personne tuée, essaie d’en tuer une autre sans droit [65].»
Et c’est un énorme fléau et une grande calamité de voir que beaucoup de gens abandonnent la religion et peinent à la pratiquer si ce n’est avec laxisme. Ceci ce manifeste en eux à travers leur fréquentation des mécréants et leur ressemblance avec ces derniers. Or, le prophète (ج) a bien dit: «Vous suivrez assurément les pratiques de ceux qui vous ont précédé, empan par empan, coudée par coudée, au point où même s’ils entraient dans un terrier de lézard, vous y rentreriez très certainement [66].»
Or le prophète (ج) a parlé en ces termes pour avertir, de la plus sévère des manières, sa communauté contre le fait de suivre «les pratiques» de l’époque préislamique et les habitudes des mécréants et des polythéistes.
Il est obligatoire, pour tout musulman qui a entendu ce hadith et l’a compris avec son cœur, qu’il soit en alerte contre le fait d’imiter les mécréants et ressembler aux ennemis d’Allah (أ).
Et ceci est plus particulièrement vrai à cette époque où les gens se sont très largement ouverts aux habitudes et coutumes des mécréants, à leurs traditions et à leurs actes. En effet, les demeures musulmanes ont vu arriver en leur sein des éléments de la culture des mécréants, ou plutôt de leur absurdité, que ce soit à travers les chaines paraboliques, internet, les magasines aux basses mœurs, ce qui a terni leur façon de penser, a perverti les esprits, a ébranlé leur religion, a dégradé les mœurs et a fait tomber les gens dans diverses formes d’imitation des ennemis de la religion d’Allah – en particulier dans l’entourage de beaucoup de jeunes musulmans et musulmanes – à cause de leur ignorance et de leur éloignement de la religion d’Allah (أ).
At-Tabarî a rapporté dans «Tahdhib Al-Âthâr» que le prophète (ج) a dit: «Il viendra aux gens une époque lors de laquelle leurs cœurs seront ceux des étrangers [67].»
Et ceux qui sont sous-entendus par «les étrangers» sont les ennemis de la religion d’Allah parmi les juifs, les chrétiens et autres parmi les adeptes de la mécréance et de l’égarement. Ainsi, il viendra aux gens une époque où les cœurs seront ceux des étrangers, à cause de leur manque de compréhension et de connaissance de la religion d’Allah, de la globalisation de l’ignorance, et le fait que les gens se dirigeront à cette période vers l’imitation des mécréants dans leurs fêtes, dans leurs coutumes, leurs tenues vestimentaires…à cause de leur amour de la vie d’ici-bas et leur ruée vers ce qu’elle contient.
Et ceci est une situation affligeante contre laquelle le musulman sincère cherche à se préserver, ne serait-ce que contre une infime souillure.
Qu’Allah nous en garde tous et qu’Il nous préserve de suivre le chemin de ceux qui ont encouru «Sa» colère et de ceux qui se sont égarés.
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[60] NdR: «Jâhiliyah» désigne la période antéislamique. Sa racine est issue du terme arabe «jahl» qui signifie «ignorance». [61] S. 12, v. 106. [62] S. 2, v. 22. [63] Cf. «Sahîh Muslim» (1218). [64] NdR: ou bien un athée. En arabe, il n’existe pas de termes différents pour désigner un athée ou un blasphémateur («mulhid»). En effet, les athées sont les plus grands blasphémateurs de par le fait qu’ils ne reconnaissent même pas l’existence d’un Créateur. [65] Rapporté par Al-Bukhârî dans son recueil authentique (6882), d’après cAbdullah Ibn cAbbâs (ج). [66] Rapporté par l’imam Ahmad dans «Al-Musnad» (10230). [67] Cf. «Tahdhîb al-Athar» (201). D’après cAbdullah Ibn cAmr (ج). Se référer également à «As-Silsilah As-Sahîhah» de Sheikh Al-Albânî (3357). «Etrangers» vient du terme arabe «Acâjim» qui signifie à l’origine «non arabisants.»
Onzième objectif: se rappeler de l’au-delà
Le onzième objectif grandiose du pèlerinage est de se rappeler de l’au-delà et du moment où l’on se tiendra devant Allah (ـ).
Pour cela, réfléchis bien à l’acte avec lequel le musulman entreprend son pèlerinage lorsqu’il se sépare de son embellissement, se dénude de ses vêtements et se défait de son apparence habituelle.
En fait, chaque pèlerin a une tenue vestimentaire à laquelle il est habitué dans son pays mais tu vois l’ensemble des hommes, lorsqu’ils arrivent au Mîqât [68], se dévêtir de toute forme de vêtements faits de coutures [69], se laver et se parfumer puis enfiler un Izâr: pagne par lequel ils recouvrent la partie inférieure de leur corps, et un Ridâ’: plaid qu’ils posent sur leurs épaules ; tous deux propres et de couleur blanche.
C’est donc sous cette apparence humble et sous cette forme dans laquelle tout le monde se retrouve fondu également dans la masse: le riche et le pauvre, le dirigeant et le dirigé, le donneur d’ordres et celui qui les reçoit, le petit et le grand… qu’ils se retrouvent tous égaux les uns des autres.
Et cette apparence sous laquelle ils se retrouvent tous égaux lorsqu’ils se dirigent vers la Maison d’Allah est tout à fait comparable à l’apparence qu’ils auront lorsqu’ils quitteront cette vie. Observe donc chaque personne qui meurt, qu’emporte-t-il de sa vie d’ici-bas? Qu’est ce qui l’accompagne dans sa tombe? Rien ne rentre avec lui dans sa tombe, si ce n’est des morceaux de tissus enroulés autour de son corps. On prie sur lui une fois qu’il a été lavé puis on l’introduit dans sa tombe.
Et c’est à cet effet que le prophète (ج) a dit:
- «Les gens seront ressuscités le Jour de la résurrection nus, non circoncis et dépourvus.»
- On demanda: «Que veut dire «dépourvus» («buhman»)?»
- Il dit: «Ils n’auront rien avec eux [70].»
Sans champs, sans commerce, sans biens, sans autorité... Ainsi, la tenue de sacralisation rappelle celle du linceul.
Par ailleurs, la station auprès du mont cArafât rappelle le moment où l’on comparaîtra devant Allah (ﻷ) le Jour de la résurrection. Médite sur le fait que se rassemblent des créatures venues de tous coins de la planète sur une même place en un même instant. Qui est celui qui les a rassemblés de cette manière? C’est assurément Le Seigneur de l’univers, qui rassemblera les premiers et les derniers en une seule place sur la Terre du Rassemblement, le Jour de la résurrection. Tous seront rassemblés, du premier au dernier, furent-ils morts incendiés par le feu, dévorés par des bêtes sauvages et ressortis après digestion sous forme d’excréments, ou bien enterrés et éparpillés sur ou sous terre:
﴾وَقَالُوا أَإِذَا ضَلَلْنَا فِي الْأَرْضِ أَإِنَّا لَفِي خَلْقٍ جَدِيدٍ﴿ [السجدة: 10].
«Et ils disent: «quand nous serions perdus dans la terre «sous forme de poussière», redeviendrons nous une création nouvelle [71]?»
Tous ceux-là, le Seigneur de l’univers les rassemblera. En somme, ta station debout auprès du mont cArafât te rappelle le grand jour où tu te tiendras devant Allah (ـ): le Jour de la résurrection.Et lorsque les pèlerins se tiennent auprès du mont cArafât, chacun d’entre eux espère être affranchi du feu de l’Enfer en ce jour.
Le prophète (ج) a dit: «Il n’y a pas un jour où Allah affranchit du feu un plus grand nombre de serviteurs que le jour de cArafah [72].»
Ainsi, le jour où Allah sauve le plus grand nombre de personnes du feu est le jour de cArafah. Il faut en conséquence que le musulman éprouve un désir véritablement intense d’avoir été sauvé du feu après qu’il quitte cArafât ce jour-là.
Ô Allah! Affranchis-nous du feu ainsi que nos pères, nos descendants et nos femmes, Ô Seigneur de l’univers.
Ainsi, on assiste lors du pèlerinage à des scènes magnifiques et à des moments admirables, qui rappellent à l’homme la Résurrection, la Rétribution ainsi que les comptes et la comparution devant Allah (ـ) lors du Jour de la résurrection.
Aussi, médite – mon cher frère pèlerin – ce qui vient conclure les versets du pèlerinage dans la sourate «Al-Baqarah [73].» Allah (ـ) dit:
﴾فَمَنْ تَعَجَّلَ فِي يَوْمَيْنِ فَلَا إِثْمَ عَلَيْهِ وَمَنْ تَأَخَّرَ فَلَا إِثْمَ عَلَيْهِ لِمَنِ اتَّقَى وَاتَّقُوا اللَّهَ وَاعْلَمُوا أَنَّكُمْ إِلَيْهِ تُحْشَرُونَ﴿ [البقرة: 203].
«Ensuite, il n’y a pas de péché pour qui se comporte en piété à partir au bout de deux jours. Il n’y a pas de péché à s’attarder non plus. Craignez Allah et sachez que c’est vers Lui que vous serez rassemblés [74].»
«Ce rappel» est une chose que tu emmènes avec toi lorsque tu complètes ton pèlerinage. Et lorsque tu rentres dans ton pays, il t’accompagne.
«Et craignez Allah. Et sachez que c’est vers Lui que vous serez rassemblés.»
En effet, le pèlerinage nous rappelle le Rassemblement, la Rétribution et les comptes. Crains donc Allah, toi qui a accompli le pèlerinage à la Maison d’Allah et rappelle-toi que tu seras inévitablement rassemblé vers Allah et qu’Allah (ـ) te demandera des comptes et te rétribuera en fonction de ce que tu as accompli dans cette vie première. Et sache que cette vie sera bientôt du passé mais que l’au-delà est à venir et que pour toutes les deux, il y a des adeptes. C’est à cet effet qu’cAlî (س) a dit: «Soyez parmi les adeptes [75] de l’au-delà mais ne soyez pas parmi les adeptes de cette vie d’ici bas car aujourd’hui «est un jour» d’œuvre sans demande de comptes et demain est «un jour» de demande de comptes sans œuvre.»
* * *
[68] NdR: désigne le lieu de passage à partir duquel il est obligatoire de se mettre en état de sacralisation pour quiconque à l’intention de faire le pèlerinage ou la cUmrah. [69] En opposition à l’habit du pèlerin qui est en général fait d’un morceau de tissu uni. Toutefois, la présence ou non de couture sur l’habit n’est pas interdite. C’est plutôt le fait que le vêtement entoure les membres qui est interdit. [70] Rapporté par l’imam Ahmad dans «Al-Musnad» (16042) et par Al-Hâkim dans «Al-Mustadrak» (3638). [71] S. 32, v. 10. [72] Rapporté par Muslim (1348). [73] NdR: deuxième sourate du Coran, selon l’ordre dans lequel il a été agencé (ش). [74] S. 2, v. 203. [75] Littéralement: les enfants d’ici-bas et les enfants de l’au-delà.
Douzième objectif: renforcer la fraternité religieuse
Le douzième objectif grandiose du pèlerinage est d’établir la fraternité religieuse et renforcer le lien de la foi. Ceci se manifeste dans tout son éclat et sous l’aspect le plus resplendissant durant le pèlerinage. Ainsi, lorsque les pèlerins tournent autour de la maison d’Allah et se rassemblent auprès du mont cArafât puis à Muzdalifah, leur habit est le même, leur but est le même, leur Dieu est le même, leurs œuvres sont les mêmes, leur direction (Qiblah) est la même et celui qu’ils suivent est unique, en la personne du messager d’Allah (ج).
Ils ont la même espérance, partagent les mêmes difficultés et éprouvent les mêmes peines. Ils se sont retrouvés pour le plus grand rassemblement islamique qui puisse démontrer le lien de la foi et la fraternité religieuse qui les unit.
Untel est blanc, un autre noir, untel est arabophone et un autre ne l’est pas...mais tous ont en commun la religion d’Allah (ـ). Rien ne les différencie si ce n’est la crainte d’Allah. Allah (ـ) a dit à ce propos:
﴾يَا أَيُّهَا النَّاسُ إِنَّا خَلَقْنَاكُمْ مِنْ ذَكَرٍ وَأُنْثَى وَجَعَلْنَاكُمْ شُعُوبًا وَقَبَائِلَ لِتَعَارَفُوا إِنَّ أَكْرَمَكُمْ عِنْدَ اللَّهِ أَتْقَاكُمْ إِنَّ اللَّهَ عَلِيمٌ خَبِيرٌ١٣﴿ [الحجرات: 13].
«Ô hommes! Nous vous avons créés d’un male et d’une femelle, et nous avons fait de vous des nations et des tribus pour que vous vous entre connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand Connaisseur [76].»
Et le prophète (ج) a dit lors du pèlerinage d’adieu:
- «Ô gens! N’est ce pas que votre Seigneur est un et que votre père est un? En aucun cas, l’arabe est plus méritant que le non arabe, ni le non arabe que l’arabe. Ni le blanc que le noir ou le noir que le blanc ; si ce n’est par la piété. Est-ce que j’ai transmis?»
- Ils dirent: «Le messager d’Allah (ج) a transmis [77].»
Ainsi, le pèlerinage est un lien immense qui rassemble les gens de la foi dans l’harmonie, dans l’affection, l’entraide à la bonté et à la piété, dans l’application des ordres d’Allah (ﻷ) et dans le soulagement des pauvres.
Et observe cela au travers de toutes les offrandes que l’on offre durant le pèlerinage, et tous les sacrifices compensatoires de bêtes «que l’on distribue ensuite aux pauvres» lorsque le pèlerin commet un manquement dans les actes obligatoires du pèlerinage ou commet un interdit. Et vois comment cela leur profite énormément.
En somme, le pèlerinage est une occasion qui met en évidence la fraternité et le lien de la foi ainsi que l’affection, l’amour et l’entraide dans la bonté et la piété.
Et durant ce jour béni qu’est le jour de cArafah, les pèlerins répètent incessamment la parole suivante: «Il n’y a de divinité digne d’être adorée en dehors d’Allah.»
Or elle est ce qu’il y a de mieux à dire durant cette journée. C’est même la meilleure de toutes les paroles et la plus aimée auprès d’Allah. Il est rapporté de manière authentique dans un hadith du prophète (ج): «La meilleure des invocations est celle du jour de cArafâh. Et la meilleure chose que j’ai dite, ainsi que les prophètes avant moi, est «Il n’y a pas de divinité digne d’être adorée en dehors d’Allah Seul et sans associé. A Lui la royauté et à Lui la louange, et Il est capable de toute chose [78].»»
Ceci comporte une allusion évidente au fait que le rassemblement des musulmans ne peut se faire que sur l’unicité d’Allah et le suivi du messager d’Allah (ج), car c’est la raison d’être des créatures et c’est par cela que les passions disparaissent et l’inimitié et la haine se dissipent, les cœurs se réunissent, la parole devient une et les rangs se regroupent.
Et chaque fois que l’attachement à cette parole s’affaiblit chez les musulmans, alors leur degré d’unité et d’harmonie se retrouve réduit dans une même proportion.
De plus, ces masses considérables de gens, dans toute leur diversité de couleurs, de langages et de contrées, se sont formées dans une seule et même finalité, qui apparaît clairement à travers cette parole qu’ils prononcent et qu’ils répètent. C’est bien l’unicité d’Allah et la foi en Lui qui les a rassemblés. Et ce qui a uni leurs cœurs est la soumission et l’assujettissement à Allah qu’ils éprouvent, entre désir et crainte, espoir et peur, amour et convoitise.
Ainsi, la parole de l’unicité «Il n’y a pas de divinité digne d’être adorée en dehors d’Allah» constitue le véritable lien sur lequel les musulmans se réunissent. C’est pour elle qu’ils choisissent leur alliés et ennemis! C’est par elle qu’ils aiment ou détestent! C’est par sa cause que la société musulmane est devenue telle un corps unique, comme un édifice renforcé dont les parties se soutiennent mutuellement.
En somme, le renforcement des liens de fraternité est l’un des buts grandioses du pèlerinage.
Ainsi, le Seigneur adoré est un, et la direction vers laquelle on se tourne est une, le messager que l’on suit est un, la tenue de sacralisation, les lieux de culte du pèlerinage ainsi que ses rites sont uns, ses lieux de rassemblement et sa période sont uns, et la devise de tous est «Je réponds à ton appel, ô Allah, je réponds à Ton appel..» en signe d’humilité, de soumission, d’obéissance et de mise en application «des ordres d’Allah». Quel lien est plus solidement ancré que celui-ci? Et quelle relation est plus grande que cette celle-ci?!
Il faut que les musulmans comprennent bien cela et qu’ils louent leur Seigneur pour cette cohésion bénie et cette généreuse harmonie, cet amour et cette fraternité. Et que chacun s’efforce de faire tout acte qui renforcera cette cohésion et la développera.
Et que les musulmans s’éloignent de tout ce qui l’affaiblit et la fragilise. Qu’ils rejettent toute forme de racisme, les symboles nationalistes, les manifestations de Jâhiliyah, et la segmentation exagérée des groupes de l’Islam, et qu’ils se rassemblent donc sur l’unicité et la foi.
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[76] S. 49, v. 13. [77] Rapporté par l’imam Ahmad dans son «Al-Musnad» (22391). [78] Rapporté par At-Tirmidhî dans son «Jâmic» (3585), considéré comme «Hasan» par Al-Albânî dans «As-Silsilah As-Sahîhah» (708/4). Translittération de l’invocation: «Lâ ilâha illa_Llâhu wahdahû lâ sharîka lah, lahu_l-mulk wa lahu_l-hamd, wa Huwa calâ kulli shay’in Qadîr.»
Treizième objectif: les nobles comportements
Le treizième objectif grandiose du pèlerinage est de s’éduquer sur les caractères méritoires et les bonnes manières dans leur forme la plus aboutie et de s’embellir avec les plus beaux comportements. Le pèlerinage est la meilleure école «pour apprendre» les bonnes manières et les nobles caractères: il permet au musulman de s’éduquer sur une bonne attitude et de s’éloigner de tout comportement préjudiciable, ou des polémiques blâmables et des disputes. Allah a dit à ce propos:
﴾فَمَنْ فَرَضَ فِيهِنَّ الْحَجَّ فَلَا رَفَثَ وَلَا فُسُوقَ وَلَا جِدَالَ فِي الْحَجِّ﴿ [البقرة: 197].
«Si l’on se décide de l’accomplir, alors point de rapport sexuel, point de perversité, point de dispute pendant le pèlerinage [79].»
Et le prophète (ج) a dit: «Quiconque accomplit le pèlerinage pour Allah, en s’abstenant de commettre des turpitudes et des obscénités, en reviendra comme le jour où sa mère l’a mis au monde [80].»
Il (ج) disait aux gens lors du pèlerinage: «Ô gens! Calmement, calmement! [81]»
Et il (ج) leur disait au niveau des stèles: «Ne vous entretuez pas [82].»
Aussi, le messager d’Allah (ج) a dit durant le pèlerinage d’adieu: «Ne vous informerais-je pas à propos du croyant? Celui à qui les gens font confiance vis-à-vis de leurs personnes et de leurs biens. Et le musulman est celui dont les musulmans sont à l’abri du mal de la langue et de la main [83].»
Ainsi, le pèlerinage éduque le musulman à adopter des bonnes manières: à faire le plein de patience, de douceur, de pondération, à se comporter bien avec les autres, et à se montrer agréable avec ses proches.
Ceci est particulièrement vrai lorsqu’on se rend pleinement compte que les pèlerins sont les invités d’Allah. Ceci amène donc à se montrer doux et bienfaisant à leur égard et agréable dans son attitude envers eux.
Et le pèlerinage éduque à agir de la sorte. Chaque fois que le pèlerin prend conscience de cet objectif grandiose du pèlerinage, il en ressort en adoptant les bonnes manières de l’Islam et en se parant des nobles caractères de la religion.
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[79] S. 2, v. 197. [80] Rapporté par Al-Bukhârî (1521). [81] Rapporté par Muslim (1218). [82] Rapporté par Abû Dâwûd dans «As-Sunan» (1966) et par l’imam Ahmad dans «Al-Musnad» (15506). [83] Rapporté par Al-Hâkim dans «Al-Mustadrak» (24), par l’imam Ahmad (22833) et autres.
Quatorzième objectif: parvenir au juste milieu
Le quatorzième objectif du pèlerinage est de parvenir au juste milieu, qui constitue la beauté même de cette religion et l’élégance de la législation. En effet, la religion d’Allah (ـ) est équilibrée et ne comporte aucune exagération ou négligence, ni extrémisme ni laxisme. Allah (ـ) a dit:
﴾وَكَذَلِكَ جَعَلْنَاكُمْ أُمَّةً﴿ [البقرة: 143].
«Et aussi nous avons fait de vous une communauté du juste milieu [84].»
«Une communauté du juste milieu»: c’est-à-dire, des témoins équitables ne faisant preuve d’aucune exagération ou négligence, ni extrémisme ou laxisme. En effet, les meilleures des choses sont dans le juste milieu et non pas dans le laxisme et l’immodération.
Par ailleurs, ce qui est signifié par la parole d’Allah (ـ): «une communauté du juste milieu» est: des témoins équitables, qui ne dévient pas de la vérité en tombant dans l’exagération ou dans la négligence, mais qui adoptent un juste chemin entre les deux et se montrent pondérés.
Et le pèlerinage est rempli de scènes grandioses et de leçons vibrantes qui soulignent l’importance d’être dans le juste milieu et de faire preuve de modération dans les affaires.
On retrouve, parmi les plus évidents de ces signes, la guidée du prophète (ج) dans sa manière de jeter les cailloux pour lapider les stèles, si l’on considère ce qui a été rapporté de manière authentique à ce sujet.
En revanche, si on se penche sur la situation des gens vis-à-vis de sa tradition, ces derniers oscillent entre exagération et négligence, extrémisme et laxisme, sauf ceux à qui Allah a accordé la réussite et a honoré de l’attachement à sa tradition et au suivi constant de sa guidée et de ses pas.
Ibn cAbbâs (ج) relate: «Le messager d’Allah (ج) dit tôt le matin le jour de Al-cAqabah alors qu’il était sur sa chamelle: «Peux-tu aller me ramasser des cailloux?»
J’allai alors ramasser pour lui sept cailloux semblables à ceux que l’on utilise avec un lance-pierres. Il se mit alors à les secouer dans sa main et dit: «Jetez «des cailloux» comme ceux-ci» puis il ajouta: «Ô gens! Prenez garde à l’exagération en religion car c’est l’exagération en religion qui a fait périr ceux qui étaient avant vous [85].»
Ainsi, sa (ج) parole dans le hadith: «Jetez «des cailloux» comme ceux-ci» signifie que les cailloux qui ont été ramassés pour lui de cette taille précise, qui est en l’occurrence la taille de ceux d’un lance-pierre sont de taille correcte pour le jet.
En fait, le terme «caillou» ne désigne pas des objets d’une taille plus petite que celle-ci car on ne peut pas vraiment les appeler «cailloux». Et ce terme ne désigne pas non plus quelque chose d’une plus grande taille car on parlerait alors de «pierre». Aussi, ce qui est légiféré est se tenir entre les deux.
Et malgré la clarté et la limpidité de cette affaire, si tu compares ceci avec l’état de certains musulmans qui ignorent la tradition du prophète (ج), tu trouveras des choses étonnantes, entre exagération et négligence, immodération et laxisme, ajout et manquement et ce alors que la vérité se trouve entre tous «ces extrêmes». Ainsi, le musulman ne diminue rien de la Sunna du prophète (ج), comme c’est le cas des gens laxistes et négligents, et il n’ajoute rien à celle-ci, comme c’est le cas des gens extrémistes et exagérateurs, mais il se tient plutôt à équidistance entre les deux.
Et sa parole (ج): «Prenez garde à l’exagération» englobe tout type d’exagération: aussi bien dans les croyances que dans les actes. En effet, on prend en compte le sens général du terme et non pas la cause spécifique pour laquelle le prophète (ج) l’a prononcé. Ainsi, le musulman n’a pas le droit de commettre d’exagération dans tous les cas. Et il lui est commandé de suivre les traces du noble messager (ج) et de suivre sa tradition en toute circonstance. Et cette image qui se dessine pour nous de manière claire à travers cet exemple manifeste nous démontre le caractère modéré de la religion dans toutes ses composantes.
Ainsi, la religion d’Allah (ـ) se situe entre l’exagération et la négligence et entre l’extrémisme et le laxisme. Le musulman ressort donc de son pèlerinage avec un grand bénéfice et en ayant en tête un but noble sur lequel il s’est éduqué pendant le pèlerinage et qui est que ces œuvres soient toujours celle du juste milieu sans exagération ni négligence.
Et cette voie du juste milieu ne peut s’obtenir qu’en agissant conforment à la Sunna. Et qu’on prenne fortement garde à ne pas transgresser les limites de la Sunna, ni par exagération ni par négligence. De fait, Satan fait tous les efforts inimaginables pour faire dévier le croyant et serviteur d’Allah de la route juste et l’éloigner du droit chemin d’Allah, en l’encourageant soit à l’exagération ou bien à la négligence. Et il n’a aucune préférence pour laquelle des deux voies il utilisera pour l’égarer. Comme l’ont dit certains prédécesseurs:
«Allah (ـ) n’a pas ordonné une chose sans que Satan y ait deux suggestions «à proposer au serviteur d’Allah»: soit vers la négligence et le manquement à accomplir cette ordre, ou soit vers le dépassement des limites et l’exagération dans l’accomplissement de cet ordre. Et il ne se soucie guère avec laquelle de ces deux manières il triomphe.»
Et il se tient en silence sur le chemin du musulman sans se décourager ni se lasser de ruser contre lui et de se tenir en embuscade, en déployant tout le temps et les efforts nécessaires pour l’égarer et le faire dévier du droit chemin et de la guidée claire.
Le fait de se montrer mesuré et pondéré dans toutes les affaires et de s’éloigner de l’exagération et de la négligence est la voie correcte et le chemin de droiture que tous les croyants doivent emprunter, comme Allah le leur a ordonné dans Son Livre, et comme le leur a ordonné Son messager (ج). Ainsi, la véritable droiture consiste à prendre la direction qu’Allah a désignée pour Ses serviteurs, ce qui implique de ne pas y introduire ce qui n’en fait pas partie, et de ne pas en exclure ce qui en fait partie. C’est pour cela qu’Allah a fait l’éloge des croyants.
Ainsi, la religion d’Allah est celle du juste milieu, entre celui qui exagère et celui qui s’y montre négligent. Et les meilleurs des gens sont ceux du juste milieu et ce sont eux qui se sont élevés au-dessus du manquement des laxistes mais n’ont pas rejoint l’exagération des transgresseurs. Ils sont plutôt restés constants sur la guidée du maitre des envoyés, du meilleur serviteur du Seigneur des mondes et du modèle universel pour les gens: Muhammad Ibn cAbdillah – que la Paix et les bénédictions d’Allah soient sur lui ainsi que sur sa famille et sur tous ses compagnons.
* * *
Voici donc les plus importants objectifs du pèlerinage. Je demande à Allah (ﻷ) qu’Il nous facilite à tous l’accès à la science utile et aux bonnes œuvres ainsi qu’à la réalisation de ces objectifs, qu’Il augmente notre clairvoyance dans Sa religion, nous facilite tout ce qu’Il aime et qui Le rend satisfait parmi les paroles justes et les bonnes actions, et qu’Il améliore notre pratique de la religion qui est la base de notre affaire, qu’Il réforme notre vie ici-bas dans laquelle nous vivons et qu’Il améliore notre vie future qui est notre lieu de retour, qu’Il fasse de notre vie un supplément dans le bien, et de notre mort une délivrance de tout mal.
Ô Allah, pardonne-nous ainsi qu’à nos parents, aux musulmans et aux musulmanes, aux croyants et aux croyantes, vivants et morts. Tu es certes Pardonneur et Miséricordieux, Généreux et Noble.
Ô Allah! Accepte de nous, Tu es l’Audient, le Savant et Pardonne nous, Tu es le Pardonneur, le Très Miséricordieux. Et accepte notre repentir car Tu es Celui qui accepte le repentir et Tu es le Très Miséricordieux. Et notre dernière invocation est: «La louange est à Allah, le Seigneur des mondes.» Et que la Paix, les Bénédictions d’Allah et Ses bienfaits soient sur le serviteur d’Allah et son messager: notre prophète Muhammad ainsi que sur sa famille et l’ensemble de ses compagnons [86].
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[84] S. 2, v. 143. [85] Cf. «Al-Musnad» (215/1) d’Ahmad, «As-Sunan» d’An-Nasâ’î (268/5) et «As-Sunan» d’Ibn Mâjah (3069). Et sa chaine de transmission est authentique selon les conditions de Muslim comme cela a été mentionné par «Sheikh Al-Islâm» Ibn Taymiyah (/) et d’autres gens de science. [86] Cet épitre est tiré d’une conférence que j’ai donnée dans la mosquée d’Al-Khayf à Minâ après la prière du Maghrib le jour d’At-Tarwiyah (la veille du jour de cArafah) en l’an 1430 de l’Hégire. Celle-ci a été retranscrite par écrit à partir d’une cassette et a subi des modifications, des ajouts et des changements d’agencement. Elle a le privilège d’être restée fidèle au style de transmission oral qui a été utilisé durant la conférence. Et Allah est le Garant du succès.
مَقَاصِدُ الْحَجِ
للشيخ الفاضل:
عبد الرزاق بن عبد المحسن البدر
-حفظه الله-
ترجمة: عبد اللّه الفرنسي
مراجعة كاملة: فريق دار الإسلام
1434/2013