مسجد البيعة أو العقبة
TEXTE LU:
La mosquée du serment d’allégeance
Premièrement : sa présentation
La mosquée se situe non loin de Minan [Minâ], à droite pour celui qui descend du pont des stèles [de la lapidation] et qui se dirige vers la Mosquée sacrée. Elle est à environ 500 mètres de la Grande Stèle (d’al-`Aqaba). La mosquée se trouvait sur un des sentiers de la montagne Tsabîr [Thabîr] mais après l’agrandissement de la place servant à la lapidation des stèles et l’espace environnant, la mosquée devint apparente, détachée de la montagne et accolée à l’extrémité du pont des stèles.
On dit que c’est [le calife abbasside] Abû Ja`far al-Manşûr qui l’aurait bâtie en 144 H. /761 apr. J.-C. On dit aussi que c’est quelqu’un d’autre qui l’aurait bâtie, mais en 244 H. Par la suite, elle a été plusieurs fois rénovée. Sa dernière restauration a été ordonnée par le sultan ottoman `Abdulmajîd Khân vers 1250 H. [~1834 G.]. La mosquée a une forme rectangulaire. Sa longueur, dans le sens est-ouest, est de 25 mètres et sa largeur, dans le sens nord-sud, fait 15 mètres, soit une superficie de 375 m. Elle comprend deux galeries voutées : l’une du côté de la qibla, composée de quatre piliers carrés et surmontée de cinq arcs et l’autre, au fond de la mosquée, dont il ne subsiste qu’une plateforme surélevée[1].
Deuxièmement : Sa réalité
Cette mosquée a été construite à l’endroit dont on dit que c’est là qu’eurent lieu d’une part le premier serment d’allégeance (dit serment d’al-`Aqaba) en l’année douze après le début de la mission du Prophète (r) [environ un an avant l’hégire], réunion au cours de laquelle le Prophète (r) a fait un pacte avec les Médinois musulmans (al-Anşâr) en présence de son oncle al-`Abbâs ibn `Abdulmuţţalib et d’autre part le deuxième serment d’allégeance en la treizième année après le début de la révélation.
Ka`b ibn Mâlik (t) raconte : « Nous [musulmans de Médine] sommes sortis en compagnie des pèlerins païens de notre peuple alors que nous faisions la prière et nous comprenions les prescriptions de l’islam. Il y avait avec nous al-Barâ’ ibn Ma`rûr qui est un ancien et un chef parmi nous… ». Il continue plus loin en disant : « Nous sommes partis pour le pèlerinage et nous avons convenu de retrouver le messager d’Allah à al-`Aqaba le deuxième des trois jours d’at-tachrîq [12ème jour du mois de dzul-l-ħijja]. Nous finîmes de faire le pèlerinage et la nuit de la rencontre avec le messager est arrivée… Nous sommes alors sortis de nos tentes pour nous rendre au rendez-vous que nous avions fixé avec le messager d’Allah en nous faufilant discrètement comme savent si bien le faire les gangas [oiseaux ressemblant aux perdrix]. Nous nous sommes retrouvés sur le sentier d’al-`Aqaba. Nous étions soixante-dix hommes plus deux femmes qui accompagnaient les leurs… »[2].
Voilà donc l’origine historique de la dénomination « mosquée du serment d’allégeance ». Le choix du lieu (pour y faire le pacte) ne s’est pas fait en raison d’une quelconque vertu, mais ce sentier était alors le plus proche endroit où l’on pouvait se réunir discrètement sans être vu (par les idolâtres) tout en étant à Minan [Minâ], là où campaient les pèlerins durant les jours qui suivent le jour du sacrifice (jours d’at-tachrîq), or, la réunion pour le serment d’allégeance eut lieu durant le deuxième des jours d’at-tachrîq.
Le premier siècle s’est écoulé sans qu’il n’y ait là de mosquée. Elle ne fut bâtie à cet endroit qu’au milieu du deuxième siècle de l’hégire au dire de certains historiens[3].
Ibn Taymiyya a dit : « Les musulmans médinois (al-Anşâr) ont prêté serment d’obéissance au Prophète (r) la nuit d’al-`Aqaba, dans la vallée qui se trouve derrière la stèle d’al-`Aqaba car c’est un endroit situé dans une dépression de terrain qui est proche de Minan et qui dissimule les gens qui s’y trouvent. Les soixante-dix médinois musulmans étaient venus en pèlerinage avec leur peuple encore idolâtre. De même qu’on fait (aujourd’hui) le hadj après la venue de l’islam, on le faisait aussi avant l’arrivée de l’islam. Ils sont donc venus à Minan avec les gens de leur contrée en raison du hadj puis sont partis dans l’obscurité de la nuit à cet endroit précisément parce qu’il était proche et discret, non en raison d’une qualité qu’il aurait. Eux-mêmes ne visaient pas ce lieu en pensant qu’il avait une quelconque vertu spécifique. Et voilà pourquoi, quand (plus tard) le Prophète (r) a accompli le hadj avec ses Compagnons, ils ne sont pas allés à cet endroit et n’ont pas été le visiter.
Une mosquée a été construite à cet endroit, mais cela n’eut lieu que plus tard et toute mosquée à La Mecque ou autour, excepté la Mosquée sacrée, n’ont été construites qu’après l’époque du Prophète (r). Même Minan n’avait pas de mosquée construite du vivant du Prophète (r)… »[4].
Il a aussi dit : « Il en est ainsi de toutes les mosquées construites là-bas comme la mosquée bâtie près des stèles). Près de la mosquée d’al-Khayf, il y a aussi une mosquée appelée « La grotte d’al-mursalât » et dans laquelle la sourate al-Mursalât a été révélée. De même, au-dessus de la montagne, il y a une mosquée appelée « la mosquée du bélier » et ainsi de suite. Or, le Prophète (r) n’a jamais prescrit d’aller à ces endroits pour y faire des prières (şalât), des invocations ou autre chose.
Quant à embrasser une de ces choses ou s’en frotter le corps, le jugement à ce sujet est plus évident et plus clair encore. En effet, les ulémas savent pertinemment que cela est étranger à la législation apportée par le messager d’Allah (r).
Quelques auteurs ont évoqués dans leurs manuels de hadj qu’il était recommandé de visiter les mosquées de La Mecque et alentour. J’avais moi-même repris cela dans un manuel que j’avais écrit sur le hadj à l’intention de certains cheikhs, ceci avant que je ne fasse le pèlerinage. C’était durant mes jeunes années. J’avais repris la matière trouvée dans les propos de certains ulémas. Par la suite, il m’est apparu clairement que tout cela était des choses nouvelles et innovées qui n’avaient aucun fondement dans la législation islamique, que les premiers musulmans, les pionniers de la première heure, parmi les Émigrés mecquois (Muhâjirûn) et les Auxiliaires médinois (Anşâr), n’avaient rien fait de tout cela, que les grands imams et guides l’interdisaient et que la seule mosquée [de la Mecque] à laquelle il est prescrit de se rendre pour y accomplir les prières, les invocations, les circumambulations et autres adorations est la Mosquée sacrée. Il ne nous est pas recommandé d’aller à une mosquée précise de La Mecque sauf à elle et il ne sied pas de faire en sorte qu’une autre mosquée vienne lui faire de la concurrence dans quelque domaine que ce soit. Les invocations, prières et autres pratiques qu’accomplissent certains dans certaines desdites mosquées, si elles avaient été accomplies dans la Mosquée sacrée cela aurait été mieux pour eux. C’est même cela qui est prescrit tandis que se rendre à toute autre mosquée en croyant qu’elle bénéficie de vertus particulières, c’est une innovation non approuvée par la loi. »[5].
Troisièmement : les infractions qui y sont commises par certains pèlerins.
Certains pèlerins se rendent fautifs d’un certain nombre d’infractions dans la mosquée du serment d’allégeance. Pour que le pèlerin fasse attention à ne pas tomber dans ces infractions, nous en évoquons ici certaines :
1- Se rendre à cette mosquée avec l’intention de faire de ce déplacement une adoration et en croyant qu’elle a quelque chose de plus que les autres mosquées.
2- Penser que la prière faite dans cette mosquée est meilleure que si elle avait été faite ailleurs.
3- Aller exprès là pour y faire des invocations.
4- Y faire des invocations en groupe.
5- Écrire sur ses murs.
6- Se frotter aux murs et aux portes de la mosquée pour en tirer de la baraka ou prendre de la terre (ou de la poussière) qui s’y trouve.
7- Déposer des messages écrits sur des bouts de papier, des pièces de monnaie, des photos ou des chiffons dans les fentes de la mosquée en raison de diverses croyances à ce sujet.
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[1] Voir Târîkh Makka d’al-Fâkihî 5/20, a-Zuhûr al-muqtaţafa min târîkh makka al-mucharrafa d’al-Fâsî p. 98, al-Araju-l-miskî fi-t-târîkh al-makkî d’aţ-Ţabarî p. 74, at-Târîkh al-qawîm d’al-Kurdî 5/209 et `Uddatu-l-inâba d’al-Muttaqî p. 166.
[2] Rapporté par Aħmad ibn Ħanbal 3/460 au numéro 15836 et par al-Fâkihî dans Akhbâr Makka 4/235 au numéro 2542 par l’intermédiaire d’Ibn Isħâq qui le tient de Ma`bad ibn Ka`b ibn Mâlik ibn Abî Ka`b ibn al-Qayn qui le tient de `Ubaydullâh ibn Ka`b lequel le tient de son père Ka`b ibn Mâlik (t) qui cite le hadith. Sa chaîne de narration est bonne.
[3] Voir at-Târîkh al-qawîm 5/309-312.
[4] Majmû` al-fatâwâ 17/478.
[5] Iqtiđâ’ aş-şirât al-mustaqîm 2/338.